Dans l’éditorial de son édition du mercredi 8 février, le quotidien arabophone Al Akhbar interpelle certains ministres de l’actuel gouvernement sur leur manque de communication face à la hausse continue des prix des légumes, fruits, viandes et poissons au niveau de l’ensemble des marchés du Royaume.
Alors que dans le monde entier, face à cette hausse des prix plus ou moins importante, des membres du gouvernement communiquent régulièrement pour rassurer l’opinion publique à travers une pédagogie explicative, des décisions concrètes et même de simples promesses de retour rapide à la normale, au Maroc, aucun ministre n’a jusqu’ici pris les devants. C’est «un mur de silence», écrit Al Akhbar, «qu’ils ont édifié sur leur bouche». Ces ministres se cachent malheureusement derrière le slogan de «ministres de terrain et non des paroles creuses», alors qu’en réalité c’est d’un manque flagrant de communication qu’ils font preuve, en cette période de crise mondiale dont les effets se font durement ressentir sur le plan local.
Cette attitude concerne aussi bien les ministres dits technocrates qui avaient l’habitude, en période de crise, de monter au créneau pour expliquer les tenants et aboutissants de toute crise passagère, que les ministres politiques qui ont toujours considéré que le bon ministre, le vrai, est celui qui se tait en attendant que la crise passe. Ou qui, du moins, ne doit s’exprimer qu’en réponse à une question du Parlement ou à l’occasion d’une sortie médiatique «complaisante».
Al Akhbar se demande pourquoi «toutes ces armée de responsables opérant dans les services centraux et régionaux des ministères», qui gagnent des millions sur l’argent versé par le contribuable, ne sont pas mises à contribution pour résoudre cette crise de la hausse des prix, que le gouvernement affronte avec le silence.
Le citoyen est certes conscient des changements géostratégiques et climatiques profonds qui bouleversent le monde actuellement, mais il a aussi le droit d’attendre de ses ministres qu’ils prennent des mesures pour son pouvoir d’achat, malmené par la hausse des prix. En effet, conclut Al Akhbar, le Maroc d’aujourd’hui est celui de la communication et de la reddition des comptes, et le silence actuel du gouvernement n’est ni «sage», ni «d’or», comme à une certaine période, révolue, où il était interdit aux ministres de communiquer sur les affaires publiques.