L’Egyptien Ahmed Abou El Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a officiellement invité tous les Etats membres de cette organisation à participer à la 6e session ministérielle du Forum russo-arabe qui se tiendra à Marrakech le 15 décembre prochain.
A trois semaines de cet important conclave international abrité par le Maroc, une inconnue demeure, celle de savoir si l’Algérie participera ou non à ce forum. En effet, compte tenu de l’escalade sans précédent déclenchée ces derniers mois par le régime algérien à l’égard du Royaume, la question de la présence d’une délégation algérienne se pose avec acuité.
En d’autres termes, comment Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, celui-là même qui a annoncé en personne, le 24 août dernier, la rupture unilatérale, et «irréversible», comme il l’a qualifiée ensuite, des relations diplomatiques avec le Royaume va-t-il gérer la question de son déplacement à Marrakech? Ramtane Lamamra a fait également partie du groupe restreint du Haut conseil de sécurité algérien qui a décidé, le 22 septembre, de fermer l’espace aérien aux avions marocains, avant de fermer également, aux dernières secondes du 30 octobre 2021, le Gazoduc Maghreb-Europe, transitant par le Maroc.
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D’ailleurs, l’escalade du régime algérien contre le Maroc n’a jamais connu de répit depuis le 8 juillet dernier, jour du rappel de Ramtane Lamamra aux affaires par une junte algérienne aux abois et qui se devait de trouver, dans la «main étrangère», un exutoire à sa gestion catastrophique des affaires du pays et à l’impasse socio-économique où il se trouve.
C’est dire que plus la date de la tenue du Forum russo-arabe à Marrakech approche, plus elle constitue un casse-tête pour un régime, abonné aux déclarations impulsives et aux foucades.
D’une part, il semblerait inconcevable que le régime algérien fasse faux bond à une réunion de haut niveau, organisée par un pays qu’il qualifie d’allié, la Russie, même si cette réunion se tient sur les terres d’un pays que l’Algérie a érigé en ennemi. D’autre part, on voit mal la junte adopter une politique à rebours de son hostilité criante envers le Royaume et envoyer son chef de la diplomatie poser pour la photo officielle à Marrakech.
On comprend dès lors pourquoi l’Algérie a récemment jubilé lorsque le Forum russo-arabe, qui devait se tenir le 28 octobre dernier, a été reporté une première fois pour des raisons d’agenda du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La junte a activé ses relais médiatiques pour insinuer que ce report serait dû à des relations maroco-russes au bord de la rupture, avec suspension des vols de la Royal Air Maroc vers Moscou et le prétendu rappel par cette dernière de son ambassadeur à Rabat.
Des élucubrations qui ont finalement valu à Alger les foudres du ministère russe des Affaires étrangères, qui a tourné en dérision, à travers un communiqué daté du 28 octobre, la propagande mensongère d’un journal algérien.
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Maintenant que la date du Forum est fixée au 15 décembre prochain et que le secrétaire général de la Ligue arabe a envoyé, en concertation avec la Russie, les invitations à tous les pays arabes, l’Algérie participera-t-elle ou pas? Et si oui, à quel niveau de représentation. On voit très mal la junte se faire représenter auprès du très chevronné et redouté Sergei Lavrov par un sous-fifre de Lamamra.
Il reste alors l’absence justifiée par une tension extrême avec le Maroc. Cette tension pourrait même être portée à son point culminant rien que pour rendre davantage compliqué tout déplacement d’une délégation algérienne à Marrakech.
Le Royaume doit regarder très probablement avec une attention amusée les tribulations du régime algérien et la suite qu’il va donner à son invitation à Marrakech. C’est qu’au printemps 2022, l’Algérie accueille le sommet extraordinaire de la Ligue arabe. Quand on sait que la symétrie est l’un des crédos de la diplomatie marocaine, le déplacement d’une délégation marocaine à Alger va probablement se décider à Marrakech.