Forbes: israélien et turc, comment l’armement high-tech acquis par le Maroc fait la différence sur le terrain de Nagorny Karabakh

Le système de défense antiaérien et antimissile «Barak MX» produit par Israel Aerospace Industries.

Le choix de la technologie de pointe plutôt que la quantité privilégié par le Maroc dans sa stratégie d’équipement militaire porte ses fruits sur le terrain, à la lumière notamment de la supériorité avérée de l’Azerbaïdjan, doté du même armement que le Royaume, sur son rival l’Arménie, dont la dépendance vis-à-vis du matériel russe rappelle curieusement celle d’une certaine Algérie. Le magazine Forbes a osé la comparaison. Voici ses conclusions.

Le 25/09/2023 à 12h01

Par sa grande efficacité comme par sa rapidité, l’offensive éclair réussie la semaine dernière (19 et 20 septembre) par l’Azerbaïdjan sur Nagorny Karabakh, enclave du Caucase peuplée en majorité d’Arméniens mais reconnue comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, force la comparaison. Il y a l’armement de Bakou, pour l’essentiel israélien et turc, hautement technologique et qualitatif, et il y a celui de l’Arménie, un matériel des plus lourds, exclusivement russe, mais dont l’échec sur le terrain a été évident. Cela rappelle une certaine course à l’armement, diamétralement opposée, entre le Maroc et l’Algérie. Et c’est le célèbre magazine américain Forbes qui a osé le parallèle. Le verdict est sans appel.

Dans une analyse au titre évocateur (Le Maroc a acquis des armes israéliennes et turques qui ont permis à l’Azerbaïdjan de prendre le dessus sur l’Arménie), le magazine rappelle que les récentes acquisitions par le Maroc de systèmes d’armes israéliens et turcs ressemblent de façon frappante à celles de l’Azerbaïdjan. Le Royaume «peut espérer que ces armes lui permettront de s’imposer de la même manière en cas de confrontation potentielle avec l’Algérie» autour du Sahara, tranche la parution. Forbes cite, à ce titre, les drones explosifs israéliens à usage unique Harop et les missiles quasi-balistiques israéliens LORA.

Cette supériorité, l’Azerbaïdjan en avait apporté la démonstration dès la deuxième guerre du Haut-Karabakh de septembre-novembre 2020, lorsque Bakou a réussi à capturer des parties importantes de l’enclave. Ceci, en utilisant ces mêmes systèmes pour remporter une victoire décisive, notamment lorsque les Harop ont détruit les missiles de défense aérienne arméniens S-300 en Arménie. «Un missile Barak 8 azerbaïdjanais de fabrication israélienne a abattu un missile balistique à courte portée arménien Iskander de fabrication russe. Tout comme un missile LORA a détruit un pont. Et les drones armés Bayraktar TB2 fournis par la Turquie ont dévasté les forces terrestres arméniennes», énumère Forbes.

Il se trouve que le Maroc a acquis tous ces systèmes, à l’exception du LORA. Rabat, rappelle Forbes, a récemment reçu sa première livraison de systèmes israéliens Barak MX commandés dans le cadre d’un accord de 500 millions de dollars conclu en 2022. Le Royaume a acquis pour la première fois la technologie des drones israéliens en 2014, lorsqu’il a reçu trois drones Heron. Depuis la reprise des relations avec Israël, il a de nouveau acquis des Harop et d’autres drones israéliens «en bien plus grand nombre».

Le Maroc a, poursuit le magazine, également commandé au moins 19 des drones TB2 turcs en deux lots et serait intéressé par l’acquisition du drone turc Akinci, beaucoup plus grand et plus sophistiqué, doté de capteurs avancés et pouvant transporter des quantités de munitions bien plus importantes que son prédécesseur TB2. «De tels drones ont changé la dynamique du conflit du Sahara occidental, gelé depuis longtemps. Comme pour le conflit du Haut-Karabakh, resté en sommeil pendant plus de 20 ans après la fin de la première guerre en faveur de l’Arménie en 1994, le conflit du Sahara occidental entre le Maroc et le Front Polisario est resté gelé depuis le cessez-le-feu de 1991. Cela commence à changer, principalement grâce à ces drones», souligne Forbes.

Une chose est sûre: les récentes acquisitions de drones par le Maroc ont rendu «complètement asymétrique une guerre déjà inégale entre le Maroc et le Polisario», puisque ces technologies améliorent considérablement les capacités de surveillance et de frappe de Rabat pour cibler la milice séparatiste.

Le magazine pousse le raisonnement plus loin en affirmant qu’en cas d’affrontements avec l’Algérie, le Maroc pourrait compter sur l’approche interarmes de l’Azerbaïdjan en utilisant ces mêmes systèmes avancés défensivement et offensivement. «Un tel scénario pourrait inclure des Harop ciblant les défenses aériennes algériennes, des TB2, et éventuellement des Akinci, frappant les forces terrestres algériennes près de la frontière, et des systèmes Barak interceptant des missiles algériens», lit-on.

En face, comme pour l’Arménie, les forces armées algériennes sont principalement équipées de matériel militaire russe. Le fait que l’Algérie soit équipées de variantes plus modernes à la faveur des milliards de dollars jetés chaque année pour en faire l’achat ne change rien à la donne.

Par Youssef Bellarbi
Le 25/09/2023 à 12h01