Depuis quatre mois, les facultés de médecine connaissent des tensions. Et à ce jour, aucune perspective de dialogue ne pointe à l’horizon. Cela au moment où le Maroc manque cruellement de personnel médical, commente l’hebdomadaire Al Ayyam dans son édition actuellement en kiosque.
Un manque de personnel soignant que le ministre de la Santé a estimé, le 22 février dernier, à 34.000 cadres. Le système médical public n’a pu attirer que 11.000 médecins sur un total de 25.000 praticiens exerçant au Maroc, alors que 15.000 médecins ont opté pour l’émigration, 8.000 d’entre eux exerçant actuellement en France.
Voilà pour la situation actuelle du secteur. Pendant ce temps, souligne l’hebdomadaire, le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé ne semblent rien faire pour remédier à la situation de blocage qui paralyse les facultés de médecine. Les titulaires des deux départements rejettent les revendications des étudiants, tout en allant de l’avant dans la mise en œuvre de leur plan de réforme des études de médecine.
Pas toutes les revendications, souligne l’hebdomadaire, puisque les deux ministres ont souligné, lors de leur sortie médiatique en février dernier, avoir déjà donné leur accord pour 90% des demandes des étudiants grévistes. Cela sans pour autant s’attaquer au fond du problème. Et le problème, c’est justement la réduction des années d’études à six ans au lieu de sept prévue dans la réforme et que les étudiants rejettent.
Les étudiants revendiquent également l’amélioration des équipements dans les hôpitaux et l’augmentation de la bourse d’études pour les internes, entre autres demandes dont les responsables des deux départements ne veulent plus parler. Ce qui a stoppé net le dialogue.
Les étudiants ont repris leur grève et les responsables des deux départements ont entrepris de mettre en œuvre les mesures décidées pour les contraindre à regagner les amphis. Les Conseils des universités ont ainsi pris une cinquantaine de décisions d’exclusion pour deux ans contre certains étudiants. Il a également été décidé de dissoudre les comités d’étudiants. Des notes de zéro ont, de même, été données lors des examens boycottés.
Mais tout cela n’a pas réussi à contraindre les étudiants à reprendre les cours. Et passé le mois d’avril, estiment ces derniers, nous sommes déjà presque à la fin de l’année universitaire. Le temps presse et pour éviter une année blanche, les deux ministres, estime Al Ayyam, sont contraints de reprendre le dialogue avec les étudiants, mais selon les conditions de ces derniers. Et les futurs médecins sont clairs. Ils n’acceptent pas que l’on touche à leur formation théorique et pratique, et donc au nombre d’années d’études, ni à la réforme du troisième cycle gelée depuis 2015. Ils ne sont pas non plus disposés à renoncer à leurs revendications pécuniaires.
Pour le reste, ils estiment pouvoir obtenir un arrangement des deux ministères à condition que les titulaires des deux départements fassent preuve d’un peu plus de souplesse.