Élections 2021: des numéros de téléphone aux enchères, les partis se les arrachent

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Revue de presseKiosque360. Situation sanitaire oblige, les partis politiques ont dû innover pour bien mener leur campagne électorale. Ils se servent des outils du marketing digital pour communiquer avec les électeurs. Les Marocains qui n’ont pas l’habitude de ces pratiques se sentent violés dans leur intimité.

Le 01/09/2021 à 21h08

Les partis politiques découvrent les bienfaits du marketing digital direct. SMS, mailing, messagerie instantanée (WhatsApp), messages sponsorisés sur les comptes personnels sur les réseaux sociaux, tout y passe. L’essentiel est que le message puisse parvenir au plus grand nombre de personnes, au point que cela en devient agaçant, à la longue. En effet, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 2 septembre, certains partis politiques se sont procuré, d’une manière ou d’une autre, des bases de données de numéro de téléphone de citoyens et leurs adresses e-mail. Ils arrivent même à avoir accès à leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Avec cela, ils peuvent adresser des messages, sinon personnalisés du moins ciblés, à un grand nombre de citoyens pour leur exposer leur programme et les inviter à voter pour leurs candidats. Cette technique de communication et de marketing, largement utilisée par les entreprises, ne semble pas passer quand il s’agit de campagne électorale. C’est ainsi, explique le quotidien, que beaucoup de gens se sentent «violés dans leur intimité» face à ce flot incessant de messages électoraux indésirables qui atterrissent sur leur smartphone, dans leur boîte e-mail et sur les comptes sur les réseaux sociaux.

Car, s’indigne le quotidien, ces personnes n’ont jamais demandé à recevoir ce genre de messages. On ne leur a même pas demandé l’autorisation pour cela. Plus encore, il est des gens qui n’ont jamais eu de contact, ni souhaité en avoir, avec un parti politique quelconque. «Il ne se passe plus un jour sans que je reçoive sur mon smartphone un message vantant une partie du programme électoral d’une formation politique, une invitation à rejoindre un site web ou une page sur les réseaux sociaux. J’en reçois généralement le matin et en début de soirée», se plaint N. Abdelhadi, citoyen ordinaire cité par le quotidien.

D'autres personnes, comme Abdelhadi, n’ont jamais milité pour un parti politique, souligne le quotidien. Ils ne se sont jamais, non plus, intéressés à la politique et à l’activité partisane. Et pourtant, ils se retrouvent aujourd’hui au centre d’un jeu électoral dans lequel on utilise leur téléphone sans leur en demander l’autorisation. Abdelhadi, poursuit le quotidien, ne connaît pas le numéro à partir duquel il reçoit tous ces messages SMS et whatsApp, mais le parti qui le contacte semble, lui, savoir exactement où il habite, sans doute grâce aux logiciels de localisation géographique. 

D’après le quotidien, les partis politiques ont utilisé beaucoup de méthodes, dont certaines peu orthodoxes, pour accéder à un nombre important d’électeurs en utilisant les nouvelles technologies de communication. Les réseaux sociaux offrent ainsi, grâce au nombre impressionnant des données personnelles qu’ils ont collectées sur leurs usagers, la possibilité d’accéder à un public cible dans un endroit précis en utilisant la technique de la géolocalisation. Les plateformes et les sites d’e-commerce disposent également d’une base de données colossale de numéros et autres informations sur leurs clients, informations qu’ils peuvent mettre à la disposition d’une tierce partie. Et les partis politiques sont demandeurs de ce genre de «services».

Cela dit, la situation sanitaire actuelle et les mesures de restrictions imposées par le ministère de l’Intérieur, conclut le quotidien, ont poussé les partis politiques à se rabattre sur ce type de communication dans le cadre de leur campagne électorale, qui prend fin dans une semaine.

Par Amyne Asmlal
Le 01/09/2021 à 21h08