"Élection algérienne sans électeurs!", instabilité dans les camps de Tindouf... pourquoi l'Espagne s'inquiète

Margarita Robles, actuelle ministre espagnole de la Défense, va remplacer le MAE Josep Borrell, qui va prendre la tête de la diplomatie européenne le 1er décembre. 

Margarita Robles, actuelle ministre espagnole de la Défense, va remplacer le MAE Josep Borrell, qui va prendre la tête de la diplomatie européenne le 1er décembre.  . DR

Après la sortie officieuse de l’institut royal «Elcano» critiquant la présidentielle algérienne du 12 décembre prochain, -«une élection sans électeurs»!-, c’est au tour du MAE espagnol d’en remettre une couche en déconseillant tout déplacement dans le désert algérien, y compris Tindouf. Décryptage.

Le 28/11/2019 à 11h49

L’Espagne est inquiète de la situation en Algérie et le fait savoir. À preuve, ces deux réactions exprimées presque simultanément, la première fois de manière officieuse via un membre influent de l’institut royal des études stratégiques "Elcano", présidé par le roi Felipe VI, en l’occurence le principal analyste Haizam Amirah-Fernández, qui s’est récemment étonné de «l’absence d’électeurs» pour l’élection présidentielle algérienne imposée par le Général 4 Étoiles Ahmed Gaid Salah et contestée par le peuple algérien, et la deuxième, de manière officielle à travers un communiqué du ministère espagnol des Affaires étrangères et de la coopération.

«Le ministère des Affaires étrangères, de l’UE et de la coopération recommande de ne pas se rendre dans les camps sahraouis de Tindouf (Algérie), en raison de «l'instabilité croissante» à la frontière de l'Algérie avec le Mali et «l’intensification des activités des groupes terroristes» dans la région sahélo-saharienne, relève-t-on dans une note d’alerte émise hier mercredi 27 novembre, par le département de la diplomatie espagnole, publiée sur son site officiel.

Notons que le message d’alerte envoyé par la diplomatie espagnole intervient au lendemain du décès (accidentel), dans la soirée du lundi 25 novembre de 13 militaires français dans la collision de deux hélicoptères de combat qui s’apprêtaient à effectuer une opération antiterroriste dans le cadre de l’opération "Barkhane".

Il intervient aussi et surtout à la veille d’une élection présidentielle algérienne à très haut risque, imposée par le chef d’état-major de l’armée algérienne, le Général Ahmed Gaïd Salah, contre la volonté de 40 millions d'Algériens, qui exigent le départ de tous les résidus du régime vert-kaki, comme préalable à toute élection à la magistrature suprême de ce pays.

«Il n’y aura pas d’observateurs internationaux aux "élections" présidentielles du 12 décembre. À ce stade, il n’y a peut-être pas d’électeurs», avait asséné mardi 26 novembre via son compte Tweeter, Haizam Amirah-Fernández, qui fait figure de référence pour les médias espagnols et étrangers en matière d'analyse des questions internationales.

Autre élément d information, c’est que la double mise en garde espagnole (contre l'élection sans électeurs et l'instabilité en Algérie) intervient au moment où des sources de presse annoncent que le MAE Josep Borrel, qui va prendre la tête de la diplomatie européenne, sera remplacé par l’actuelle ministre de La Défense, Margarita Robles, qui cumulera les deux fonctions jusqu’à la formation du nouveau gouvernement.

Cette double mise en garde dénote une vive conscience des sérieux risques d’instabilité qui planent sur l’Algérie, y compris et surtout les camps de Lahmadfa-Tindouf, où la situation déjà délétère peut dégénérer et échapper à tout contrôle à la veille d’un 15è congrès du front polisario vivement contesté par la population sahraouie agacée par la corruption de la direction séparatiste et par l’absence d’alternative au statu quo mortifère prévalant depuis maintenant plus de quarante ans.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 28/11/2019 à 11h49