La notion de diplomatie humanitaire appelle des précisions. Elle se distingue du seul accès à l’aide alimentaire dans les conflits et dans les situations d’urgence complexes. Historiquement, l’on parle de l’humanitarisme qui regarde des situations d’extrême insécurité, dans des conditions politiques instables, et vise à garantir l’assistance et la protection des civils. La diplomatie humanitaire, elle, est un concept apparu au début des années 2000. On peut l’appréhender comme la tentative de persuader les décideurs politiques à agir, à tout moment et en toutes circonstances, dans l’intérêt des personnes vulnérables et dans le plein respect des principes humanitaires fondamentaux.
Le Maroc a construit, par séquences successives, une diplomatie humanitaire qui a aujourd’hui capitalisé des acquis, un savoir-faire, une efficience, une opérationnalité aussi. Une sorte de «made in Morocco» conçu, formaté et mis en œuvre à l’international dans diverses latitudes. Cette vision extérieure, inscrite dans l’action diplomatique, présente en interne une autre face aux multiples facettes. Référence est faite ici à ce que l’on appelle désormais l’«État social», au cœur du projet de société du Nouveau règne avec les grandes avancées décidées par SM Le Roi. La mise en œuvre de cette politique, au-dedans et au-dehors, se fait par la mobilisation d’acteurs, l’État et ses instruments institutionnels bien entendu, mais également par la place et le rôle de premier plan d’une institution centrale comme les Forces armées royales (FAR).
Avec l’aide humanitaire du Maroc à la population de Gaza et aux Maqdessis depuis une dizaine de jours, la diplomatie humanitaire du Royaume a pris un éclat particulier. Elle prolonge d’autres actions dans cette même ligne: un hôpital de campagne en 2018, 25 tonnes d’aide en 2023, via le passage de Rafah, puis aujourd’hui 40 tonnes de denrées alimentaires et 1.000 repas journaliers, ou encore le lot d’équipements offert à l’hôpital «Le Croissant Rouge» à Al Qods. Une aide qui s’est distinguée, au surplus, par une «percée» diplomatique saluée aux États-Unis, en France et ailleurs. Le Maroc a réussi une opération par voie aérienne (via six Hercules C130), prolongée par voie terrestre et reçue par le Croissant Rouge palestinien, tranchant avec le largage aérien d’aides pour lequel ont opté d’autres pays. Cela est à mettre au crédit du leadership royal et à une politique éclairée dont la crédibilité ouvre toutes les portes, chez les uns et les autres.
Quel bilan aujourd’hui? Au titre de l’action humanitaire, il faut souligner le déploiement, souvent couplé d’ailleurs avec les opérations de maintien de la paix (OMP), de plus de 74.000 Casques bleus marocains dans 14 pays. Plus de 17 hôpitaux médicaux-chirurgicaux de campagne ont assuré quelque 2,65 millions de prestations médicales. Et plus d’un demi-siècle d’assistance humanitaire a été assuré par le Maroc au bénéfice des populations locales et des réfugiés.
En Europe, en mars 1996, un important contingent des FAR a servi en Bosnie-Herzégovine au sein des forces internationales de maintien de la paix. La guerre civile dans cet État des Balkans était marquée notamment de xénophobie et de racisme ethnique. L’armée marocaine a relevé ce défi avec courage et engagement. C’est avec ces mêmes crédos que les FAR ont participé en 1999 à une importante mission humanitaire de l’ONU au Kosovo, alors en pleine guerre civile, au sein de la KFOR de l’ONU. Cette présence sur le terrain s’est traduite par des effets positifs: le réconfort des populations durement éprouvées, le rétablissement de la sécurité et de la quiétude, l’offre de soins et l’aide aux sinistrés kosovars, et enfin un regain de leur confiance en l’avenir.
Dans la région caribéenne, après une sollicitation des Nations unies, le Royaume a décidé l’envoi d’un contingent en Haïti dans le cadre de la Mission de stabilisation des Nations unies (MINUSTAH). Cette mission, qui relève d’une initiative conjointe entre Rabat et Madrid, s’est également distinguée sur le plan militaire, consistant à assurer la stabilité et la sécurité, ainsi que sur le plan sanitaire et humanitaire en faveur des populations victimes de la guerre civile et des violences.
Au Moyen-Orient, le Maroc est en première ligne dans l’action humanitaire, avec une expérience accumulée et pionnière. C’est là un engagement fort du Royaume pour porter assistance aux populations victimes de crises et répondre ainsi à leurs besoins en médicaments, en soins médicaux, couvertures et denrées alimentaires. Cette action humanitaire se conjugue avec le souci de promouvoir paix, solidarité et sécurité entre les peuples de la planète. C’est là un modèle et un exemple du respect des principes et des normes du droit humanitaire international. Il vaut aussi de noter que cette implication se caractérise notamment à travers l’acheminement par les FAR des aides humanitaires aux populations nécessiteuses et l’installation d’hôpitaux de campagne sous les auspices des Nations unies ou encore dans le cadre de la coopération bilatérale.
L’action humanitaire est à ce titre un pivot et un levier de la solidarité agissante du Maroc envers les pays victimes de catastrophes naturelles, de pandémies ou de guerres civiles. Le 21 mai 2020, une aide humanitaire d’urgence a été envoyée par le Maroc à 15 pays africains, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, suivie d’une deuxième le mois suivant. En août 2020, c’est le Liban, au lendemain de l’explosion au port de Beyrouth, qui reçoit une aide marocaine. Le 13 juillet 2021, une aide médicale d’urgence a été envoyée à la Tunisie, pour l’aider dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. On peut aussi citer Antigua-et-Barbuda, frappée par des ouragans, le Bangladesh, qui avait reçu les réfugiés de Myanmar, ou encore Madagascar, la Sierra Leone, le Soudan Sud, etc.
La diplomatie humanitaire du Royaume? Elle est sur tous les fronts. Elle permet de réaffirmer la position du Maroc sur la scène internationale. Elle renforce et renouvelle les modalités de la réponse humanitaire en l’adaptant continûment aux nouvelles réalités. Elle défend les principes de l’action humanitaire et se préoccupe du respect du droit international humanitaire. Elle est conséquente, agile et servie de manière logistique par les FAR qui sont en première ligne, sur ce front-là aussi.