Le tandem Polisario/Algérie semble être dépassé par l’offensive marocaine sur le Sahara, au point de commettre des erreurs et de s'emmêler les pinceaux. Un exemple probant et qui montre à quel point l’évolution du dossier du Sahara désempare l’Algérie et le Polisario qui peinent à s’aligner sur une position. La couverture des festivités célébrant le soi-disant 45e anniversaire «du déclenchement de la lutte armée sahraouie» par les deux agences officielles respectives des deux parties, soit la SPS (Sahara presse service) et l’APS (Algérie presse service), donne toute la mesure d’une dissonance de plus en plus prononcée. En sachant que la SPS n’est rien d’autre qu’une caisse de résonnance de l’APS. SPS republie majoritairement les dépêches de l’agence officielle algérienne et reçoit ses orientations d’Alger.
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En quoi consiste la dissonance dans le traitement médiatique réservé par l’un et l’autre organe à ce qui est communément appelé la «parade» de Tifariti? Sahara presse service parle d’une parade «militaire» présidée par le chef d’un pseudo Etat sahraoui, à savoir Brahim Ghali, qui fait également office de chef suprême des forces armées. Dans la dépêche SPS, on peut ainsi lire que «plusieurs unités, formations et bataillons de l'Armée de libération sahraouie ont pris part à des parades militaires». La majorité des formations et des unités militaires ayant participé à ces festivités sont composées de jeunes Sahraouis…qui ont reçu un entraînement militaire professionnel et de qualité», fanfaronne-t-on. Mieux: le tout a un slogan pour le moins musclé: «la Force de la détermination et de la volonté pour imposer l'indépendance et la souveraineté». On retiendra également, et toujours selon SPS, que l'armée sahraouie a exposé, à cette occasion, une partie de son matériel et de ses moyens et s’est livrée à nombreux exercices militaires. Le langage qui a prévalu tant durant cet événement que dans l’écho donné par l’agence sahraouie est résolument guerrier. Citant les propos bellicistes du «ministre de la Défense» sahraoui, Abdallah Lahbib, on parle ainsi d’«une consécration de l'exercice de la souveraineté et de la disposition de «l'armée sahraouie» à payer un lourd tribut en vue de recouvrer «la souveraineté de l'Etat sahraoui sur l'ensemble de ses territoires».
Normalement, on se serait attendu à l’effet amplificateur de l’agence algérienne, mais il n’en a rien été. Deux jours après, soit hier mardi 22 mai, l’APS nous gratifie d’une dépêche où la parade présentée comme militaire par SPS devient, soudain, «de simples festivités organisées à l’occasion du 45e anniversaire de la création du Front Polisario». Et d’accuser de mensonge Omar Hilale, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, pour avoir affirmé dans une lettre au président du Conseil de sécurité que le Polisario a organisé une «parade et de manœuvres militaires» à Tifariti. On a presque envie de dire que les mots d’Omar Hilale relatifs aux exercices militaires du Polisario à Tifariti sont angéliques comparativement au ton résolument martial de la dépêche de l’agence de presse du Polisario. C’est encore mieux de lire dans le texte la littérature de l’APS: «Omar Hilale, spécialiste en tromperies, évoque dans sa lettre "la création de sites militaires" à l’est du dispositif de sécurité au Sahara occidental et l’organisation de "parade et de manœuvres militaires" alors qu’il s’agissait de simples festivités organisées à l’occasion du 45e anniversaire de la création du Front Polisario.» Rien que cela!
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Mieux encore, l’APS nous décrit les éléments armés du Polisario comme des pacifistes qui ont mis une rose dans le canon de leurs kalachnikovs. Citant des sources au sein du Polisario, l’APS affirme que cette organisation «reste attachée au cessez-le-feu et à l’accord militaire n°1 qui régit les relations des deux parties au conflit avec la MINURSO et définit la zone démilitarisée ainsi que la présence des forces sahraouies et marocaines à l’ouest et à l’est du mur». Quid donc du langage guerrier et des fanfaronnades de SPS? Disparus. En lieu et place, c’est le Maroc qui est accusé de tenter «insidieusement de réviser l’accord militaire n°1, en s’adonnant à une campagne belliciste dirigée contre le Front Polisario, dont l’objectif final est de remettre en cause le cessez-le-feu observé depuis 1991».
«L’ONU (même, NDLR) a cédé à la pression», affirme l’APS. Et c’est sans doute là qu'il faut chercher des explications aux contradictions relevées auprès de l’une et l’autre agence, l’offensive diplomatique marocaine commençant à porter ses fruits. Et c’est sans doute en raison de cela que l’APS a désarmé sa petite sœur SPS et en a même fait un parangon du pacifisme. Cela prête bien à rire, mais montre surtout la cacophonie et la panique qui s’est saisie du tandem Algérie/ Polisario depuis que le Maroc a montré qu’il ne tolérera aucune activité militaire ou civile à l’est du dispositif de défense et que le SG de l’ONU a mis en garde le Polisario contre toute action susceptible de modifier le statu quo.