Discours du Trône: l’appel du Roi à la normalisation des relations avec l’Algérie est d’une portée stratégique, selon Mohamed Tajeddine El Hosseini

Le politologue Mohamed Tajeddine El Hosseini.

Le 31/07/2023 à 19h28

VidéoLe nouvel appel serein adressé à l’occasion de la Fête du Trône par le roi Mohammed VI, aux dirigeants et au peuple algérien, à la normalisation des relations a pour objectif de rattraper le temps perdu et de fructifier les potentialités politiques, économiques et sociales au service de toute la région, a estimé le politologue Mohamed Tajeddine El Hosseini.

Mais avant d’aborder l’appel à la normalisation des relations avec l’Algérie, -qui a constitué un des importants passages du discours royal prononcé le samedi 29 juillet 2023-, ce professeur de droit international s’est arrêté d’abord, dans un entretien avec Le360, sur la signification et la portée du mot «le sérieux», une expression qui a été employée à maintes reprises par le Souverain dans son discours.

«L’utilisation du mot sérieux était délibérée car elle a voulu signifier qu’à chaque fois qu’une attitude et un fait étaient empreints de sérieux et de dévouement, les résultats qui en découlent sont positifs et très encourageants», a rappelé le politologue. «Dans le langage marocain, le terme «Al Maakoul» est fréquemment utilisé pour réclamer le sérieux envers tout comportement ou action», a expliqué Mohamed Tajeddine El Hosseini avant d’indiquer que le discours a fait référence à des exemples où les succès ont été toujours au rendez-vous grâce au sérieux. Le Souverain a ainsi cité, a-t-il rappelé, le cas des Lions de l’Atlas et leur parcours historique lors du Mondial de Qatar de football. L’autre exemple fort fourni par le Roi est la réussite marocaine dans la construction des automobiles partie à l’assaut des continents.

L’expression royale du sérieux «appelle donc les Marocains, gouvernement, acteurs politiques, civils et autres, à se prémunir de cette noble qualité» dans le sens où «tous les chantiers en vue, à cours terme ou à venir puissent réussir au grand bénéfice de la société». «Le souverain veut que tous les secteurs soient empreints de sérieux, de responsabilité et de bonne gestion tout en restant comptables des actions», a ajouté Mohamed Tajeddine El Hosseini.

D’autre part, l’expert en géopolitique a commenté l’appel du roi du Maroc à l’Algérie tel que contenu dans le discours du Trône en rappelant que ce n’est «pas la première fois» que le Souverain tend la main à l’Algérie. «En 2021, le Roi avait, dans le discours du Trône, adressé au président actuel algérien un message direct et clair pour lui dire que la responsabilité de la fermeture des frontières n’incombait ni au Roi, ni au président algérien, ni même au précédent président Bouteflika, car les causes ayant forgé cette décision malheureuse remontent à un passé lointain. Ces causes n’ont plus cours aujourd’hui», a déclaré ce professeur à l’Université Mohammed V de Rabat. «Cette situation qui perdure n’est ni logique ni morale», selon le politologue. «Cette fois, le Roi a appelé les dirigeants et le peuple algériens à penser à une issue en implorant le soutien du Tout-Puissant pour l’ouverture des frontières» afin que «le rapprochement puisse dynamiser les investissements et la coopération en vue d’un futur meilleur», a commenté Mohamed Tajeddine El Hosseini.

Selon ce dernier, les avantages de la réconciliation seront énormes pour les deux pays et les deux peuples. «Les opportunités au service des deux pays et des deux peuples sont très importantes», a-t-il affirmé en regrettant «les pertes qui découlent actuellement portant notamment sur la non exploitation, par les deux pays, de la mine de fer limitrophe entre le Maroc et l’Algérie». Citant le FMI, le politologue ajoute qu’en cas d’ouverture des frontières maroco-algériennes, «le revenu national brut par habitant algérien augmenterait de 40% et celui du ressortissant marocain monterait de 38%», sans oublier que les deux pays perdent annuellement, à cause de cette fermeture, «chacun deux points de croissance». «Cette ouverture va aussi contribuer au développement et à l’inclusion de tout le Maghreb», a-t-Il dit.

Par ailleurs, le politologue s’est arrêté sur la cause palestinienne et la position «constante et irréversible» évoquée par le Souverain dans son discours. «Il n’y aucun doute que la cause palestinienne est placée au même niveau de sacralité que la cause de l’intégrité territoriale du Maroc. C’est essentiel», a martelé le politologue en rappelant qu’après la signature de l’accord tripartite en décembre 2020 entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël, «le roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods avait téléphoné au président palestinien Abou Mazine (Mahmoud Abbas, NDLR) pour lui renouveler que le Maroc reste attaché aux mêmes principes auxquels il a toujours été lié et ce depuis le début de son militantisme envers la cause palestinienne». «Le Maroc considère que la seule solution possible, c’est que la Palestine puisse bénéficier d’un Etat indépendant établi dans le cadre des frontières de 1967 avec Al-Qods Acharqia comme capitale et vivant aux côtés d’Israël, dans un Proche-Orient bénéficiant de la stabilité, de la sécurité et de la paix» a enfin estimé Tajeddine El Hosseini.


Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 31/07/2023 à 19h28