Comme tout Soussi qui se respecte, l’ancien chef du gouvernement vénère le travail. Le travail relève du sacré pour lui. Bien avant l’heure de quitter la Primature, il avait donc déjà entrepris les démarches pour rouvrir son cabinet, écrit l’hebdomadaire Al Ayyam dans un portrait qui lui est consacré dans son édition actuellement en kiosque.
Al Ayyam Hebdo, qui a rendu visite à l’ancien numéro deux dans la hiérarchie du pouvoir sur son lieu de travail du centre de la capitale, parle d’un cabinet modestement meublé, mais décoré avec goût. Il parle surtout d’une imposante bibliothèque dont une grande partie est occupée non pas par des livres de médecine ou de psychiatrie, mais par de gros volumes traitant de l’islam. El Othmani mène, en effet, la double vie de psychiatre et de «fkih» (théologien ou jurisconsulte) confirmé.
Et on pourrait même gager que c’est cette deuxième facette de sa vie qui occupe le plus clair de son temps puisqu’il s’est fixé un défi: montrer les aspects éclairés de la religion. En des termes plus «doctes», le docteur El Othmani, qui est aussi lauréat de Dar Al Hadith Al Hassaniya, planche actuellement sur la question du «renouveau des sciences islamiques et de la pensée religieuse et comment faire face au sous-développement». L’ancien chef de l’Exécutif œuvre également pour nettoyer la pratique religieuse de tous les aspects extrémistes et radicaux qui l'entachent aujourd’hui.
Il y a donc une vie, et même une vie active, après la Primature et la direction d’un parti politique, et El Othmani vient de le démontrer par les faits. Le temps que ses occupations professionnelles et intellectuelles lui laissent, il le partage entre ses deux autres passions, la marche et la lecture du Coran et, bien sûr, sa famille. Cette dernière s’est réinstallée dans sa villa de Salé avec un léger changement, une sentinelle postée devant chez lui pour assurer sa sécurité.
Pour El Othmani, la défaite électorale de son parti, le départ des affaires publiques, c’est du passé. Il faut en tirer les leçons qui s’imposent et surtout ne pas le ressasser à longueur de journée. Il entretient donc des relations normales avec tout le monde, y compris avec l’actuel chef du gouvernement avec lequel il n’y a pas eu de rupture. Même si les contacts entre les deux hommes sont rares, ils sont néanmoins maintenus.
De même, El Othmani n’est pas près de lâcher complètement la politique. On ne prend pas sa retraite dans ce domaine, aime-t-il à répéter. Mais son activité au niveau du parti se limite actuellement à un poste quasi-honorifique, il est président de la Fondation du docteur El Khatib qui relève, bien sûr, du PJD.
Une chose est sûre, pour cet homme qui a gravi les échelons jusqu’au sommet, il continue de considérer son cabinet de psychiatre comme une sorte de refuge face aux aléas de la politique. Lorsqu’il a quitté son poste de ministre des Affaires étrangères en 2013, c’est dans son cabinet qu’il trouvé refuge et conciliation. Et c’est aujourd’hui l’endroit où il passe le plus clair de ses journées, à recevoir ses malades et à cogiter.