Après avoir failli au fait de tenir leur congrès dans un délai de quatre ans, tel que défini par la législation, plusieurs partis politiques se retrouvent de facto hors-la-loi.
Une situation qui place certains dirigeants de partis en porte-à-faux, alors que dans le même temps, d’autres leaders craignent de se retrouver privés de la subvention publique à laquelle leur parti a droit, annonce Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 21 août.
En effet, selon les termes de l’article 49 de la loi organique n° 29-11 relative aux partis politiques, «tout parti doit réunir son congrès national au moins une fois tous les quatre ans. En cas de non-réunion dudit congrès pendant cette période, le parti perd son droit de financement public. Le parti récupère ce droit à compter de la date de régularisation de sa situation».
Et c’est le parti de l’Istiqlal qui se retrouve en tête de liste des partis politiques qui ont pour l’heure «zappé» leur congrès et qui fonctionnent avec une direction et des instances aux mandats non renouvelés.
Selon un interlocuteur de l’Istiqlal interrogé par le quotidien, «le parti vit au rythme d’une crise financière aiguë, à cause de l’arrêt de la subvention dont bénéficient les formations politiques».
Ce même interlocuteur a indiqué que le report du 18e congrès du parti à plus de 18 mois est dû à des divergences qu’il a qualifiées d’«organisationnelles».
Au comité exécutif de l’Istiqlal, cependant, on révèle que la question de la tenue du congrès national du parti reste l’un des sujets à controverses entre deux courants rivaux: celui de Hamdi Ould Rachid, et celui de Nizar Baraka, l’actuel secrétaire général du parti.
Nizar Baraka a bien essayé d’apaiser les tensions internes en organisant des rencontres régionales avec des militants istiqlaliens dans plusieurs provinces qui ne sont pas soumises à l’influence du courant de Hamdi Ould Rachid.
Toutefois, les dernières réunions qu’il a organisées à Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et à Marrakech-Safi ont été boycottées par des cadres du parti.
Al Ahdath Al Maghribia souligne que les divergences entre Nizar Baraka et Hamdi Ould Rachid se sont étendues jusque dans l’enceinte du Parlement, et concernent désormais les deux groupes de l’Istiqlal à la Chambre des représentants et à la Chambre des conseillers, ainsi que dans les instances qui sont liées à la vie parlementaire de ce parti.
Selon le quotidien, le report du congrès national de l’Istiqlal lui a fait perdre son droit au financement public pour 2021 et pour 2022. Au dernier congrès de l’Istiqlal, qui remonte à août 2017, Nizar Baraka avait été élu secrétaire général du parti.
Mais l’Istiqlal n’est pas l’unique parti du paysage politique national à n’avoir pas tenu son congrès national aux délais impartis par la législation: le PJD traverse actuellement une situation similaire, même si un congrès extraordinaire a été organisé à la fin de l’année 2021.
Abdelilah Benkirane y avait été réélu secrétaire général, peu de temps après la cuisante défaite subie par ce parti au cours du scrutin législatif du 8 septembre 2021.
Deux ans se sont entre-temps écoulés, sans que les dirigeants islamistes n’évoquent la tenue de leur congrès, alors même que Abdelilah Benkirane considère le dernier congrès comme étant «ordinaire».
En plus de l’Istiqlal et du PJD, le PSU que dirige Nabila Mounib est lui aussi en retard pour la tenue de son cinquième congrès. Mais les leaders de ce parti d’extrême-gauche ont quant à eux commencé leurs préparatifs en vue de la tenue de leur grand-messe. Ce sera en octobre prochain, tout comme d’autres partis prévoient de le faire.