Comment le régime algérien a, par haine du Maroc, aussi attaqué la Tunisie, selon un ex-chef de la diplomatie de ce pays

Le Tunisien Ahmed Ounaies préside la Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie au Sahara, créée à Laâyoune, le 20 mai 2022. . Hamdi Yara / Le360 (capture image vidéo)

Le 27/05/2022 à 12h09

VidéoAu cours de la première rencontre de la Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie au Sahara, la semaine dernière à Laâyoune, Ahmed Ounaies, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, est longuement revenu sur les attaques à répétition du régime algérien de Houari Boumédiène contre la Tunisie. Récit.

Plusieurs fois ambassadeur de la Tunisie, notamment en Inde et en Russie, ancien ministre des Affaires étrangères et politologue de renom, Ahmed Ounaies est aujourd'hui le président de la très récemment créée Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie au Sahara. Une alliance qui a tenu sa première rencontre le vendredi 20 mai dernier à Laâyoune, avec la participation de plusieurs hommes politiques, acteurs associatifs et intellectuels issus de l'ensemble du Maghreb. Objectif: défendre l’intégrité territoriale du Maroc, un prélude à une union maghrébine solide et durable, mais aussi plaider en faveur du plan d’autonomie du Sahara, sous la souveraineté du Royaume.

Lors de son discours inaugural, Ahmed Ounaies a d’emblée pointé la responsabilité du régime algérien dans la persistance du conflit autour du Sahara, apportant un éclairage nouveau sur les très anciennes velléités expansionnistes de la junte. Des velléités qui n’ont, d'ailleurs, pas non plus ménagé la Tunisie.

«Même avec un tracé clair des frontières au moment de l’indépendance de la Tunisie, la France, et après elle l’Algérie, nous ont privé de larges territoires au Sahara. Contraint, l’ancien président Habib Bourguiba a cédé à la pression algérienne en 1968», relate Ahmed Ounaies.

Une telle concession a provoqué la colère de l’élite politique tunisienne. «Mais se voulant rassurant, Bourguiba nous a certifié que ce faisant, il épargnait à la Tunisie une véritable bombe à retardement. Mais la Tunisie a-t-elle vraiment échappé à la haine du régime algérien?», s’est interrogé l’ancien diplomate, qui a ensuite expliqué que dès 1980, la Tunisie a fait l’objet d’une attaque militaire algérienne aussi violente qu’injustifiée.

«Des commandos ont pris d’assaut la ville de Gafsa et se sont déployés dans tout le sud tunisien, détruisant tout ce qu’ils pouvaient sur leur passage et tuant des innocents», rappelle-t-il.

Il aura fallu une intervention de l’armée tunisienne pour les dégager, en capturer les principaux responsables et avoir ainsi la preuve de l’implication du régime de Houari Boumédiène dans cette agression.

«En 1982, dans les colonnes du magazine Jeune Afrique, le colonel Mouammar Kadhafi (le défunt dirigeant libyen balayé lors des dits 'Printemps arabes', Ndlr) n’a pas manqué de confirmer la responsabilité de Boumédiène», affirme Ahmed Ounaies.

Pour cet ancien diplomate, la raison n’était alors autre que le fait d’impliquer la Tunisie dans la guerre que menait l’Algérie, avec le soutien du régime libyen de l’époque, contre le Maroc et la Mauritanie. «La Tunisie refusait de cautionner les velléités algériennes sur le Sahara marocain, cristallisées lors des agressions menées contre le Royaume depuis 1976. Il fallait donc lui infliger une bonne leçon, pensait Boumédiène», indique Ounaies.

Pour lui, cette avidité du régime algérien a une motivation: une ouverture sur l’Atlantique. «Avec sa double façade méditerranéenne et atlantique, le Maroc a depuis toujours fait l’objet de nombreuses convoitises, françaises et espagnoles du temps de la colonisation et algérienne depuis l’indépendance», a-t-il résumé.

C’est cependant bien vite oublier la marche de l’histoire et la volonté ferme d’un pays, le Maroc, de libérer toutes ses terres et de parachever son intégrité territoriale, a conclu Ahmed Ounaies.

Par Hamdi Yara
Le 27/05/2022 à 12h09