Première: une Coordination maghrébine pour l'application du plan d'autonomie au Sahara marocain

Hichem Abboud, journaliste et chroniqueur algérien, ici à la première rencontre de la Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie des provinces sahariennes, le 20 mai 2022, à Laâyoune.

Hichem Abboud, journaliste et chroniqueur algérien, ici à la première rencontre de la Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie des provinces sahariennes, le 20 mai 2022, à Laâyoune. . Hamdi Yara / Le360 (capture image vidéo)

Le 26/05/2022 à 09h55

VidéoLibyens, Tunisiens et même Algériens… De nombreux politiques, intellectuels et acteurs associatifs maghrébins ont uni leurs efforts pour créer une Coordination pour l’application du plan d’autonomie au Sahara. Un événement tenu à Laâyoune, et dont une des «stars» a été le célèbre journaliste et chroniqueur algérien Hichem Abboud. Il témoigne.

Ils sont venus, ils étaient tous là. Ce sont d’anciens ministres, des journalistes de renom, de grands intellectuels, des militants associatifs. Marocains, Algériens, Tunisiens, Libyens… D’horizons variés et d’origines diverses, ils ont pour point commun d’être de fiers enfants et de fervents défenseurs d’une idée, de plus en plus lointaine: celle d'un Maghreb uni.

Tous ont mis le cap en fin de semaine dernière, le vendredi 20 mai 2022, sur un lieu haut en symboles, Laâyoune, pour dire que, oui, ils y tiennent encore, et qu'il faudra donc résoudre ce qui constitue un des principaux points d’achoppement quant à sa constitution: l’intégrité territoriale du Royaume, que lui conteste son voisin immédiat au Maghreb, l’Algérie. C’est à ce titre qu’ils ont pris fait et cause pour un évènement fondateur, bien que quelque peu discret: la création de la Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie des provinces sahariennes, sous souveraineté marocaine.

L’initiative a été actée à l’occasion des premières rencontres de cette alliance, regroupant notamment des acteurs politiques, des intellectuels et des militants de la société civile de l'ensemble du Maghreb. On retiendra la présence à ce rendez-vous de Ahmed Ouanaeis, diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères tunisien, par ailleurs président de la Coordination maghrébine pour l’application du plan d’autonomie des provinces sahariennes, Mohamed Abdessalam Hadi El Mekouz, universitaire et consultant politique libyen, mais aussi Oualid Kebir, acteur associatif, activiste politique et journaliste algérien, ainsi que celle de Hichem Abboud, ancien membre du commissariat politique de l’armée algérienne, ancien directeur de la rédaction du fameux magazine de l'ANP, El Djeïch. Persécuté depuis par la junte, contraint à l'exil, Hichem Abboud est surtout connu pour être l’auteur du très documenté La Mafia des généraux (J-C Lattès, 2002) et, aujourd’hui, pour sa chaîne YouTube à partir de laquelle il diffuse des capsules quotidiennes suivies par des centaines de milliers d’internautes.

Fin connaisseur du Maroc, où il s’est d'ailleurs déjà rendu à maintes reprises, Hichem Abboud a visité, à cette occasion, les Provinces du sud (et plus précisément les villes de Laâyoune et de Smara) pour la première fois.

Et il n’en revient pas. Invité de Médi1TV, il n’a pas caché sa surprise sur le niveau de développement des villes du Sahara marocain: «j’en reviens à en vouloir à mes amis journalistes marocains qui n’informent pas assez sur la réalité de cette région du Maroc. Cela fait cinquante ans que je travaille notamment sur le sujet du Sahara. Je me rends compte que je n’en savais rien. A Laâyoune, on ne se croirait pas en plein désert, tellement les infrastructures, les services publics, l’eau et la verdure sont partout. Pour moi, Smara était une zone militaire, voire une grande prison. Je vois qu’elle compte des hôpitaux, une faculté pluridisciplinaire, 36 établissements scolaires, alors qu’elle ne comptait que quelques classes dans le passé. C’est épatant. Les Algériens ne savent rien de tout cela», a-t-il témoigné.

Autre surprise, celle du niveau de conscience politique et d’engagement de la population sahraouie dans cet effort national de développement: «moi, je croyais que la situation était atone et le Maroc attendait toujours un éventuel accord avec les parties au conflit sur le Sahara pour mettre à exécution le plan d’autonomie. J’ai vu que le plan d’autonomie était déjà une réalité, que les Saharaouis gèrent déjà leurs propres affaires, à travers des conseils élus, et disposent de leurs richesses. J’ai dû revoir mes classiques et me suis remis à lire ce que contient le plan d’autonomie. La réalité dépassait les textes et j’avoue, j’en ai beaucoup appris et j’ai pensé avec grand regret à ces populations des camps (de Tindouf, Ndlr) qui sont non seulement dans la misère, mais aussi l’ignorance la plus totale».

Hichem Abboud n’a pas manqué d’épingler la responsabilité du régime algérien dans le fait d’entretenir un conflit factice, dont les grands perdants ne sont autres que ces 120 millions d’âmes qui constituent l'ensemble des peuples du Maghreb. «Ce régime en est au point de séparer des familles, en maintenant la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie. J’en connais qui sont frères, de la même mère, l’un de nationalité algérienne et l’autre marocaine, mais qui ne peuvent se voir à cause de cette folie», regrette le chroniqueur.

La solution, c’est Hassan Aourid qui en a présenté une esquisse. Filmé par Le360, cet intellectuel et historien marocain a déclaré qu'il fallait agir: «je pense que le moment est propice à la tenue de cette réunion pour appuyer le plan d’autonomie après les récents succès diplomatiques du Maroc et l’adhésion à ce plan d’un certain nombre de pays, en particulier l’Espagne. L’apport principal de cette coordination est l’implication d’acteurs maghrébins, notamment Algériens, qui sont au fait de la question du Sahara. Notre destin en tant que Maghrébins est entre nos mains. Il est donc fondamental de parler vrai, de distinguer le responsable de ce blocage et de garder l’esprit rivé sur l’avenir», a-t-il brillamment résumé en quelques mots.

Par Hamdi Yara
Le 26/05/2022 à 09h55