L’affaire secoue l’Espagne, pas le Maroc. Et pourtant, certains, à court de munitions, ont trouvé le moyen de l’instrumentaliser pour alimenter une vieille obsession: s’en prendre à Abdellatif Hammouchi, patron du pôle DGSN-DGST. Le prétexte? L’arrestation en Espagne de Francisco Martínez, ex-secrétaire d’État à la sécurité, dans une affaire de blanchiment d’argent et de cybercriminalité. Le lien avec Hammouchi? Aucun. Mais pour Ali Lmrabet, reconverti en youtubeur à la dérive, la vérité est bien trop ennuyeuse. Il préfère lui tordre le cou. Il en a fait la démonstration sur X.
Dans ses élucubrations, le journaliste déchu voit dans cette affaire l’occasion rêvée d’attaquer le chef de la sécurité marocaine, cible de toutes ses fixations. Hammouchi incarne ce que ses détracteurs ne supportent pas: intégrité, compétence, professionnalisme, modernisme et loyauté envers le pays. Autant de qualités que Lmrabet et ses sponsors algériens vomissent. Car il ne faut pas s’y tromper, le régime d’Alger a recruté Lmrabet, très certainement moyennant des subsides périodiques, pour cibler de façon obsessionnelle les institutions du Maroc et tresser, à l’occasion, des lauriers à ses donneurs d’ordre. Pour qui a le courage de défiler les posts des âneries de Lmrabet, la main du voisin oriental est plus que manifeste.
L’affaire espagnole est pourtant claire. Francisco Martínez, avocat et cadre du Partido Popular, est soupçonné d’avoir aidé le hacker «Alcasec» (José Luis Huertas) à blanchir de l’argent via des sociétés écrans. Le hacker, arrêté avec trois autres personnes dont le youtubeur Álvaro Martín, est accusé d’avoir mis sur pied une plateforme illégale baptisée Udyat, spécialisée dans la vente de données volées issues de bases judiciaires et administratives. Un scandale à l’ampleur réelle, qui révèle des connexions troubles entre cybercriminels et sphère politique espagnole. Mais quel rapport avec le Maroc? Absolument aucun.

Qu’à cela ne tienne. Dans une contorsion mentale hallucinante, Ali Lmrabet tente de relier l’ex-haut responsable espagnol à... la crise diplomatique franco-marocaine de 2014. Il va jusqu’à affirmer que Francisco Martínez aurait aidé Hammouchi, alors chef du renseignement, à «fuir» la police française, qui s’était rendue le 20 février 2014 à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris pour lui notifier une convocation judiciaire. L’affaire, montée à l’époque sur la base de plaintes déposées par l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), visait Hammouchi dans un contexte fortement politique.
Problème de taille: pour fuir un endroit, il faut d’abord s’y trouver. Et c’est là où Ali Lmrabet se trompe complètement. Ou plutôt ment éhontément. Hammouchi ne se trouvait pas en France ce jour-là. Le 20 février 2014, il était bel et bien à Rabat, à son bureau. Une information vérifiée, précisée à l’époque par Le360.
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Le seul responsable marocain présent à Paris ce jour-là était Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur, accompagné de Khalid Zerouali, pour une réunion sécuritaire avec ses homologues français, espagnol et portugais. Le sujet? L’immigration. Aucun rapport, une fois de plus, avec Hammouchi.
Mais les faits, Lmrabet n’en a cure. Pour lui, il faut nourrir les fantasmes de ses mécènes algériens et faire feu de tout bois. Quitte à colporter des mensonges grotesques sur une soi-disant opération d’exfiltration «en catimini» menée par un Espagnol qui n’a jamais eu ce rôle.
De plus, les policiers français dépêchés à la résidence de l’ambassadeur n’avaient aucun mandat d’interpellation. Leur mission: remettre une convocation. Une démarche diplomatiquement agressive et en totale infraction avec les usages internationaux, qui exigent la présence avérée de la personne concernée. Une violation de procédure qui avait poussé l’ambassade du Maroc en France à réagir publiquement, dénonçant une action absurde, mal ficelée, et aux arrière-pensées évidentes.
On s’en souvient, un communiqué de l’ambassade du Maroc en France avait alors exprimé «son étonnement face à l’absurdité de cette affaire, aussi bien au niveau de la procédure adoptée qu’au niveau des cas judiciaires évoqués», ajoutant que «la violation des règles et usages diplomatiques universels et le non-respect des conventions entre les deux pays suscitent de nombreuses interrogations sur les motivations réelles de cette affaire et ses véritables commanditaires». De même, «la forte présence policière est intervenue curieusement à un moment où le ministre de l’Intérieur du Maroc était en réunion à la résidence avec plusieurs journalistes».
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La suite est connue: convocation de l’ambassadeur de France à Rabat, rappel de Chakib Benmoussa, gel de la coopération judiciaire. Jusqu’à ce que la justice française classe l’affaire. Et comme pour solder ce désastre diplomatique, la France fait amende honorable. Un an plus tard, et pratiquement jour pour jour, le ministre français de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, annonçait, le 14 février 2015, la décoration d’Abdellatif Hammouchi en tant qu’officier de la Légion d’honneur.
Mais certains préfèrent oublier. Ali Lmrabet, fidèle à lui-même, continue à tisser des récits fictionnels pour justifier les sommes reçues d’Alger. Ses tentatives de polluer l’image du Maroc et de ses institutions ressemblent de plus en plus à un théâtre de marionnettes mal huilé. De quoi rappeler la même obsession aveugle qu’ont les providers de fonds algériens contre le Maroc. Et le même procédé: le parasitage, au succès bien relatif.
Le dernier «scoop» en date est d’ailleurs tombé juste après le succès retentissant de la participation du patron de la DGSN-DGST à la 13ème rencontre internationale des hauts responsables de la sécurité à Moscou, tenue du 27 au 29 mai. Ce type de reconnaissance mondiale énerve, c’est normal. Il est naturel qu’un rayonnement international fasse des jaloux, que ce soit concernant des services de sécurité marocains dont l’expertise est désormais mondialement reconnue, ou d’un Hammouchi qui a prodigué à cette occasion, en dix minutes montre en main, une véritable masterclass sur l’état du monde en matière de sécurité. En face, l’arabe approximatif ou le français alambiqué des caporaux ne fait évidemment pas le poids. Et quand on sait que, depuis 2020, sept directeurs du renseignement extérieur et cinq patrons du renseignement intérieur se sont succédés à Alger, signe d’une instabilité extrêmement inquiétante des services algériens, la stabilité et l’efficacité des renseignements marocains dérangent et suscitent l’envie.
Quand on n’a plus rien de concret à opposer à Hammouchi, on salit donc en affabulant. Ce qui est moins évident, c’est l’activation de véritables pétards mouillés pour ce faire. C’est très faible.












