CAN 2025: «Le Maroc dispose d’une expérience éprouvée des manifestations sportives mondiales», estime l’expert Ihsane Hafidi

Ihsane Hafidi est docteur en études de sécurité et gestion des risques.(Y.Mennan/Le360)

Le 08/12/2025 à 16h40

VidéoIhsane Hafidi, spécialiste des politiques sécuritaires, a détaillé dans un entretien avec Le360 le rôle des forces de sécurité pour la CAN. L’universitaire rappelle que les services marocains avaient déjà apporté leur expertise et leur appui aux autorités françaises et qataries pour la réussite des JO 2024 et du Mondial 2022.

À treize jours du début de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 (CAN), le système de sécurité national, incluant la DGSN, la Gendarmerie royale et les Forces auxiliaires, affine sa stratégie. L’objectif est d’assurer que la compétition se déroule dans des conditions de sécurité optimales, comme l’a confirmé Ihsane Hafidi, docteur en études de sécurité et gestion des risques, dans un entretien accordé à Le360.

Le système sécuritaire national sera à pied d’œuvre à Rabat dès la semaine prochaine pour assurer la sécurité des délégations, notamment celles des arbitres internationaux, des techniciens et des sélections qui arriveront au Maroc. Ce dispositif sécuritaire sera déployé autour des hôtels, des stades et le long des trajets entre les lieux de résidence, d’entrainement et les stades.

À partir du 21 décembre, jour de l’ouverture de la CAN 2025 et du match entre le Maroc et les Comores, ces mesures de sécurité seront élargies aux cinq autres villes qui abriteront les rencontres (Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech et Agadir).

«En réalité, la gestion des événements majeurs est aujourd’hui considérée comme une science et non comme une simple stratégie d’action ou un plan», a expliqué cet expert en affaires sécuritaires.

L’auteur de l’ouvrage Les politiques sécuritaires au Maroc: de l’autorité et des rôles des élites politiques (paru en 2020) a souligné que la gestion des grands événements, qu’il s’agisse de la CAN ou de la Coupe du Monde, exige la prise en compte d’un large éventail de parties prenantes. Il a expliqué que cette gestion complexe nécessite l’implication d’acteurs locaux et internationaux en tant qu’organes de supervision. L’universitaire a ajouté que la gestion des foules spécifiquement requiert connaissance, expérience et expertise de la part des services concernés.

Mais pour le spécialiste, le plus important n’est pas la quantité mais la coordination des différents corps de sécurité d’où la «nécessité d’un commandement, d’une supervision générale et la répartition des tâches au niveau des régions et des provinces».

Le Maroc «a accumulé une grande expérience dans le domaine de la sécurisation de grandes manifestations sportives comme les Jeux olympiques en France, la Coupe du monde au Qatar, son partenariat avec Interpol récemment. La COP22 à Marrakech a également permis au Maroc de montrer son expertise».

Ihsane Hafidi a également rappelé l’inauguration, le 5 décembre, de l’Institut supérieur des sciences de la sécurité à Ifrane par Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire. Cette nouvelle institution vise à renforcer et à développer le système de formation en matière de sécurité au Maroc. «La création de cet institut s’inscrit dans la stratégie de renforcement de la formation sécuritaire académique au Maroc. Il était nécessaire de penser au développement d’une structure capable de suivre les mutations que connaît la criminalité, au Maroc et dans le monde».

Dans le domaine de la lutte stratégique antiterroriste, l’expert a estimé que le Royaume a atteint deux objectifs majeurs. Un objectif intermédiaire, concrétisé par le démantèlement de cellules terroristes et un objectif stratégique, qui consiste à empêcher les groupes extrémistes d’établir une expansion territoriale à l’intérieur du Maroc.

L’expert a rappelé que, contrairement à Al-Qaïda ou Daech qui réussissent à créer des cellules territoriales (des «wilaya» selon la terminologie de Daech), le Maroc a prévenu cette expansion. Le démantèlement de la dernière cellule, «Oussoud Al-Khilafa fi Bilad Al-Maghreb Al-Arabi», dont le but était justement de s’implanter sur le territoire marocain, illustre ce succès stratégique. Enfin, il a souligné le bilan global: plus de 200 cellules ont été démantelées par le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) à ce jour, et plus de 700 personnes ont été arrêtées grâce au suivi et à la surveillance des réseaux sociaux depuis 2016.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mennan
Le 08/12/2025 à 16h40