Après plusieurs jours de black-out, les médias du Polisario ont été finalement contraints à ne pas faire l’impasse sur la situation explosive qui prévaut actuellement dans les camps sahraouis disséminés dans la région de Tindouf.
Ainsi, en tentant de défendre ce qu’il appelle les «institutions de l’Etat», l’un de ces médias a révélé en filigrane l’ampleur de la «récente vague d’attaques virulentes» dont les dirigeants du Polisario ont fait l’objet, sur les réseaux sociaux de la part des internautes sahraouis des camps de Lahmada. On y apprend également que des «destructions et saccages ont touché les centres militaires et sécuritaires» dans l’un des camps, où la tension est «très vive depuis mardi 9 juin».
Les destructions dont il s’agit viennent effectivement de viser un centre de la prétendue «gendarmerie» du Polisario, dont plusieurs hommes ont été pris à partie par un groupe de jeunes, sortis des camps pour venger l’un des leurs, arrêté quelques jours plus tôt, brutalisé avec une violence inhumaine, puis emprisonné.
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Par ces actes, les habitants des camps expriment leur ras-le-bol face aux multiples arrestations qui ont été opérées ces derniers temps dans leurs rangs, ainsi que les pratiques répressives et humiliantes qui n’épargnent ni les vieilles personnes, ni les femmes, ni les enfants. L’une de ces nombreuses manifestations est intervenue suite à l’emprisonnement dans le tristement bagne de «Dhibia», en début de cette semaine, d’un septuagénaire, dont le seul crime est d’avoir été le témoin, par hasard, d’un trafic de drogue impliquant l’«armée» du polisario. D’ailleurs, une caserne de cette dernière a failli être prise d’assaut par des manifestants en colère.
Face à cette vive tension, les dirigeants du polisario sont intervenus en catimini, à travers les réseaux sociaux, pour tenter de calmer les manifestants. Leurs supports médiatiques leur ont ainsi donné la parole, en les présentant comme étant de simples bloggeurs, alors qu’ils sont tapis, comme à leur habitude, derrière des pseudonymes. Ainsi l’un de ces «bloggeurs» appelle à sévir contre les manifestants, traités de «groupes criminels et délinquants qui s’en prennent aux biens de l’Etat et du peuple», alors qu’un autre préconise de «faire face aux clans tribaux, qui doivent être sévèrement punis pour leur rébellion devenue systématique depuis plusieurs années».
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Brahim Ghali a choisi, lui, la seule méthode qu’il connaît, à savoir la propagande martiale. Hier, samedi 13 juin, en guise de menace à peine voilée en direction des manifestants, il a enfilé un treillis pour passer en revue des «unités militaires et de sécurité». Une façon de s’assurer de «leur degré de préparation» à mater toute révolte dans les camps de Lahmada.
Le chef du Polisario, à l’instar de ses protecteurs algériens, dont le nouveau régime profite à fond du confinement consécutif à la pandémie de coronavirus pour embastiller les principaux leaders du Hirak, mène lui aussi une répression implacable, à huis clos, dans les camps de Lahmada.
Cette situation risque d’empirer davantage, car en s’en tenant aveuglement à ses vieilles litotes de référendum et d’indépendance, écartées définitivement par la communauté internationale car irréalisables, le Polisario a tué chez les habitants des camps de Lahmada tout espoir de voir leur long calvaire prendre fin. Et c’est ce désespoir qui les conduit, ces derniers temps, à braver régulièrement les dangers malgré la féroce répression du Polisario et de l’armée algérienne.