Réagissant au satisfecit du le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, au terme de sa rencontre, le mercredi 9 août, avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken -même si Washington n’est pas revenu sur sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara-, Moussaoui Ajlaoui, expert au Centre d’études pour l’Afrique et le Moyen-Orient (AMES Center) a rafraîchi la mémoire d’Alger en rappelant que cette sortie «n’est pas une première».
Il a ainsi cité en exemple une série de déclarations d’anciens chefs de la diplomatie algérienne, qui avaient fait l’objet de «moqueries», car elles «manquaient de sérieux». «La déclaration d’Ahmed Attaf n’est pas surprenante, car la diplomatie algérienne a toujours été impulsive, c’est-à-dire empreinte de propagande et de dérision», a affirmé le politologue.
Le seul élément nouveau dans cette attitude algérienne est qu’elle a, selon lui, délibérément «falsifié la position d’une grande puissance», obligeant l’administration américaine à confirmer qu’«elle n’a pas changé de position» au sujet du Sahara occidental depuis 2020, date de la reconnaissance officielle des États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
«De quelle satisfaction se réjouit Ahmed Attaf, alors que la position américaine n’a pas changé d’un iota?», s’est interrogé Moussaoui Ajlaoui, invitant le ministre algérien «à lire attentivement» les deux points de la décision américaine de 2020, notamment au niveau de son chapitre 2 qui «appelle à un règlement politique sur la base de l’approche marocaine, à savoir le plan d’autonomie». «L’administration Biden insiste actuellement sur cette deuxième partie de la décision américaine», ajoute-t-il.
Pour l’expert en géopolitique, le dérapage d’Ahmed Attaf s’adresse surtout à «l’opinion publique algérienne dans le cadre des préparatifs de l’élection présidentielle de 2024». «Concernant cette élection, des guerres internes ont éclaté entre les clans. Dans ce contexte, les luttes intestines veulent montrer qu’il y a un changement dans la politique américaine vis-à-vis du Sahara marocain», a-t-il détaillé.
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Et d’enfoncer le clou en rappelant la cinglante rectification apportée par le département d’État américain au communiqué officiel algérien. Ce dernier document a simplement menti en limitant les «deux parties du conflit» aux seuls Maroc et Polisario. Le département américain a, quant à lui, apporté certaines corrections au communiqué algérien, évoquant la nécessité pour «toutes les parties» de s’engager dans le processus onusien. «On retrouve l’autre incohérence et irresponsabilité dans les propos du ministre algérien, lorsqu’il a dit avoir demandé à Washington de contribuer à la relance du processus de paix!», s’étonne Moussaoui Ajlaoui.
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Notre interlocuteur précise à juste titre que dans tous «les rapports onusiens, l’Algérie est citée nommément comme une partie prenante au conflit, comme les autres parties prenantes le sont», et rappelle au bon diplomate qu’est Ahmed Attaf que ce sont «les États-Unis qui élaborent, comme “pen holder”, le rapport et les résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara».
«Le plus surprenant dans cette déclaration est qu’elle émane d’un ministre des Affaires étrangères dont le pays a rejeté la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, qui recommandait le processus des tables rondes. Comment peut-il dire maintenant qu’il est satisfait de la position des États-Unis? Si Alger est satisfaite, qu’elle commence d’abord par appliquer la résolution onusienne d’octobre dernier sur le Sahara», a martelé Moussaoui Ajlaoui, avant de conclure que la diplomatie algérienne se distingue par «la confusion, l’ambiguïté et l’irresponsabilité».