Pour une première, c’en est vraiment une. Vendredi soir, lors d’une nouvelle entrevue télévisée avec trois journalistes algériens, Abdelmadjid Tebboune a totalement, si ce n’est sciemment, ignoré ce qu’il a appelé lui-même le «dogme de l’Algérie», à savoir le «soutien indéfectible» aux séparatistes du Polisario. Pourtant les journalistes qui le questionnaient lui ont donné l’occasion d’en parler à travers de nombreuses questions sur l’état de santé de la diplomatie algérienne, ainsi que l’état de ses relations avec les pays voisins.
Mais, malgré la diffusion en différé d’une interview soigneusement retouchée, il est clair que la consigne a été donnée aux journalistes de ne pas aborder le dossier du Sahara. Le nom du Maroc a ainsi été volontairement omis par un journaliste qui a demandé à Tebboune comment vont «les relations avec les pays voisins comme la Mauritanie, la Tunisie et la Libye». Exit le Maroc, mais aussi le Mali et le Niger.
Tebboune, en abordant largement le dossier palestinien, s’est interdit de le jumeler avec le Sahara comme il a l’habitude de le faire systématiquement dans ses interviews et discours. Ce silence inédit sur le Sahara, le président algérien l’a indirectement expliqué en laissant entendre que la diplomatie algérienne est en train de sortir de sa torpeur sous la houlette d’Ahmed Attaf. Serait-ce une façon de dire que le dossier du Sahara a toujours plombé la diplomatie algérienne et a fini par conduire à l’isolement total du pays sur le plan international et son appauvrissement sur le plan interne?
Même si Attaf n’est qu’un exécutant servile de Tebboune qui a mis tous les moyens dont dispose l’Algérie pour contrer l’intégrité territoriale du Maroc, le fait que le président algérien juge subitement «la cause sahraouie» comme indigne de ses bavardages périodiques est une donnée inédite qui doit être considérée sous toutes les coutures.
Il s’agit là d’un changement radical qui ne peut en aucun cas être considéré sous l’angle de l’oubli. Le dossier du Sahara est la première cause de la diplomatie algérienne. Ne pas en parler ne signifie pas l’enterrement de ce dossier, mais prouve que son évolution contraint le régime à adopter un nouveau discours. C’est un aveu sans équivoque sur l’échec de la diplomatie algérienne dans le dossier du Sahara, sur lequel la junte d’Alger concentrait tous ses efforts depuis un demi-siècle, en dilapidant l’argent des Algériens.
Actuellement, le régime algérien est en train de tout faire pour recentrer sa diplomatie en direction des États-Unis, qu’il courtise à fond depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Tout ce que recèle le sous-sol algérien en minerais et hydrocarbures est désormais proposé aux entreprises américaines à des conditions plus qu’avantageuses. Or, ces tentatives désespérées de contrebalancer les relations stratégiques maroco-américaines, ne semblent pas porter les fruits escomptés.
Mieux, l’actuelle administration américaine, par la voix de son président, Donald Trump, a reconnu officiellement, en décembre 2020, la marocanité du Sahara. Son actuel Haut conseiller, Massad Boulos, ne cesse de confirmer que le plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine est la seule solution viable pour mettre fin à ce conflit factice.
Lire aussi : Comment la fuite de l’ex-patron du renseignement a mis l’Algérie en état de siège
D’ailleurs, dans une interview au journal algérois El Watan, Massad Boulos, a déclaré, à l’issue de sa visite à Alger le 27 juillet dernier, que le plan marocain est «l’unique base pour une solution juste et durable au conflit» du Sahara. Ce même Haut conseiller de Donald Trump vient de réitérer cette position à Ahmed Attaf lors de leur rencontre, jeudi, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
Pour sa part, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, présent à cette Assemblée générale, a réussi à marquer un point important sur le dossier du Sahara.
Lors de sa rencontre avec Christopher Landau, vice-secrétaire d’État américain, ce dernier a annoncé que son pays encourage désormais les entreprises américaines à investir dans les provinces du sud du Royaume. «Les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Dans le cadre de nos initiatives mondiales en matière de diplomatie économique, nous sommes heureux d’annoncer que nous encouragerons les sociétés américaines désireuses d’investir dans cette région», a déclaré Landau à la presse à l’issue de ses entretiens avec Nasser Bourita.
Lire aussi : Massad Boulos réaffirme le soutien des États-Unis à la souveraineté du Maroc sur son Sahara
En omettant de parler du dossier du Sahara, Tebboune est-il en train de signifier que l’Algérie ne fera pas de résistance à l’impulsion donnée par Washington pour clore ce dossier? Le régime algérien, qui traverse actuellement sa séquence la plus périlleuse depuis l’indépendance du pays, cherche-t-il à sauver sa peau en sacrifiant un demi-siècle d’hostilité résolue au Maroc?
Difficile de dire ce qu’il en est. Ce qui est sûr, c’est que Tebboune n’aurait pour rien au monde oublié de fredonner la rengaine de «la dernière colonie d’Afrique» s’il n’y avait péril en la demeure. Wait and see, comme disent nos amis anglais.








