Un désastre socio-économique s’annonce en Algérie. «D’importantes augmentations ont été constatées pour les légumes frais (+11,44%), la pomme de terre (+10,77%), les poissons (+10,32%) et les boissons non alcoolisées (+8,31%)», alerte le site d’information «Algérie1», relayant les chiffres de l’Office national des statistiques.
Une flambée qui fait à nouveau planer le spectre des émeutes des années quatre-vingt (émeutes du pain, 27 décembre 1983 au 6 janvier 1984). Et puisqu’il s’agit ici de pain, il faut bien noter que «les prix des pains et des céréales ont grimpé de 4,89% en 2015», relève l’ONS, indiquant que le taux d’inflation en Algérie s’est établi à 4,8% en 2015, contre 2,9% en 2014.
Au tableau de bord algérien, tous les clignotants ou presque sont au rouge. «Tous les prix ont augmenté», certifie «Algérie 1», y compris ceux du lait, fromage et dérivés (3,27%) et ceux du café, thé et infusion (3,16%).
Et ce n’est pas tout ! Les cours de pétrole, 98% du volume des exportations algériennes (60% du budget de l’Etat), poursuivent leur «descente aux enfers» (27 dollars le baril), alors que le projet de loi de finances "visé" par le président Bouteflika tablait sur un baril à 35 dollars !
Autant de mauvais indicateurs qui ont amené le ministre algérien des Finances, Abderrahmane Ben Khalfa, à admettre la «difficulté» de la situation.
Un euphémisme quand on se rend compte que l’Algérie, en dehors des hydrocarbures, ne produit rien ou presque et que les recettes drainées des exportations hors hydrocarbures valent à peine le 1,5 milliard de dollars!
Face à cette faillite annoncée, le voisin de l’est n’a pas d'autre recours et doit s’attendre au pire. Il y a des signes qui ne trompent pas. Alger, qui se gargarisait jusqu’il y a peu de compter dans son fonds stratégique (Fonds de régulation des recettes, FRR) pas moins de 200 milliards de dollars, vient de contracter son premier crédit auprès de la Chine (3 milliards de dollars) !
Premières manifestations contre le renchérissement de la vie
La ficelle était grosse pour passer inaperçue. La hausse pratiquée sur les prix à la pompe n’allait pas impacter ceux des prix des produits de première nécessité, promettait le gouvernement Sellal. Or, comme le prouvent les chiffres alarmants cités ci-haut, les hausses des prix du gasoil et surtout de l’essence ont été vite répercutés sur ceux des produits de consommation (pain, viande, lait, fruits et légumes). Des hausses qui se sont fait incessamment ressentir sur le coût de vie du citoyen algérien.
Et comme il s’agit ici de citoyen algérien, - grand oublié de la manne pétrolière des années Bouteflika (1999-2015)-, il n’a évidemment pas d’autre alternative en dehors de celle d’occuper les rues pour manifester sa colère. Les premières manifestations ont commencé dès dimanche 17 janvier à Batna, Sétif et, last but not least, à Tizou Ouzou, capitale de la Kabylie. «Des émeutes éclatent dans plusieurs localités de la wilaya de Batna», rapporte le site «Tout sur l’Algérie », sur la foi de révélations de l’Union générale algérienne de la jeunesse (UGAJ).
«Dimanche, c’est à Tigzirt, dans la wilaya de Tizi-Ouzou que des manifestants sont sortis dans la rue pour demander l’amélioration de leur pouvoir d’achat», indique encore la même source, ajoutant que même «à Alger, des groupes de jeunes ont affronté les forces de l’ordre pour manifester leur colère».
Voilà quelques signes annonciateurs d’un «printemps algérien» qui risque d’être désastreux pour un régime «bouteflikien» en rupture de ban, voire coupé des préoccupations du peuple algérien frère.