Après sa rencontre avec les généraux, dirigeants effectifs du pays, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé des élections anticipées. Une annonce surprenante. En effet, la junte militaire au pouvoir cherchait à reporter les élections par tous les moyens, écrit le quotidien Al Akhbar dans l’édito de son édition du week-end des 23 et 24 mars.
Pour cela, des excuses étaient déjà prêtes, poursuit l’éditorialiste. Parmi elles, l’incessante évocation d’un complot extérieur et la diabolisation du Maroc. Il semble, souligne l’éditorialiste, d’après la décision surprise de Tebboune, «que le régime algérien soit en train de vivre un état de confusion qui a bouleversé tous ses calculs et mis à jour la situation d’incohérence et d’instabilité dont souffre un régime». Lequel régime «s’inflige à lui-même ce que ses ennemis ne peuvent lui infliger».
Il est certain, lit-on dans l’édito d’Al Akhbar, que «l’avancement, le retard, la suspension ou la tenue dans les délais des élections ne changera rien à un régime militaire». Plus encore, les élections présidentielles «préparées à l’avance dans les cuisines des militaires, ne résoudront pas la crise de légitimité dont souffrent les résidents du palais El Mouradia». Au contraire, des élections ainsi préparées vont aggraver cette crise, puisqu’en fin de compte, elles permettront certes d’élire un président doté d’attributions constitutionnelles et bénéficiant de l’appui des militaires, mais un président qui n’a pas de légitimité populaire et qui n’est pas là par choix démocratique.
Il ne fait aucun doute, souligne l’éditorialiste, que «le régime militaire en Algérie est embourbé depuis des décennies dans des crises internes, dans une impasse politique et des échecs diplomatiques». Et «il semble totalement incapable de proposer des solutions pour surmonter ses crises et sortir de ce cycle qui consiste à crier au complot et fabriquer des ennemis pour éviter la reddition des comptes». Le régime militaire «veut maintenir un système politique géré par la logique d’une façade civile formelle». Une logique qui «ne peut que produire des présidents de la République qui alternent échec et corruption».
Aussi, estime l’éditorialiste, au lieu de consacrer leurs efforts et leurs moyens au développement économique, au renforcement démocratique et au rayonnement diplomatique de leur pays, les généraux au pouvoir utilisent-ils toutes ses capacités matérielles et sa machine médiatique pour alimenter et faire perdurer la tension avec ses voisins. Pour se justifier, ils se cachent derrière la théorie du complot extérieur, qu’ils accusent de chercher à saper la sécurité nationale algérienne.
Par conséquent, conclut l’éditorialiste, «les élections présidentielles chez le voisin de l’Est n’ont aucune valeur, tant que les militaires continuent à dominer le pouvoir et à vouloir transformer des présidents en de simples serviteurs de leurs intérêts». Des intérêts qu’ils ne peuvent préserver et faire fructifier dans le cadre d’un climat de tension et en continuant à créer des ennemis imaginaires.