L'Union européenne, puis les Etats-Unis, ont aussitôt condamné la répression de ces manifestations. "Les Etats-Unis condamnent fermement l'emploi de méthodes brutales contre les manifestants et les journalistes ce week-end dans des villes à travers la Russie", a indiqué dans un communiqué la nouvelle administration du président Joe Biden.
The U.S. strongly condemns the use of harsh tactics against peaceful protesters and journalists in Russia today. We call on Russia to release those detained for exercising their rights, including Aleksey Navalny, and to credibly investigate his poisoning. https://t.co/FnYRt3RAkQ
— Ned Price (@StateDeptSpox) January 23, 2021
Les principaux rassemblements ont eu lieu à Moscou et Saint-Pétersbourg, avec dans chaque cas quelque 20.000 participants, selon des journalistes de l'AFP.
Des manifestations ont également eu lieu dans une centaine d'autres villes, un mouvement d'une ampleur géographique rare dans l'histoire récente de la Russie. De précédents grands mouvements d'opposition -2012 et 2019- étaient largement concentrés à Moscou. En 2017-2018, des manifestations d'ampleur notamment contre une réforme des retraites ont également eu lieu.
Les foules scandaient "Poutine voleur !", "Navalny, on est avec toi !" ou encore "Liberté pour les prisonniers politiques !".
A Moscou, des heurts ont opposé à plusieurs reprises dans l'après-midi des policiers qui frappaient à la matraque des manifestants qui leur jetaient généralement des boules de neige, mais aussi d'autres projectiles.
En début de soirée, des centaines de personnes ont rallié la prison de Matrosskaïa Tichina où est détenu Alexeï Navalny, dans le nord de Moscou. La police y a procédé à des arrestations, frappant des manifestants avec des matraques et les dispersant.
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Ce mouvement de contestation a lieu à quelques mois des législatives prévues pour l'automne, sur fond de chute de popularité du parti au pouvoir Russie unie.
Leonid Volkov, un membre de l'équipe d’Alexeï Navalny, a affirmé que "250-300.000 personnes" étaient "descendues dans la rue" en Russie.
"C'est sans précédent", s'est-il félicité, en direct sur la chaîne YouTube Navalny LIVE, annonçant en outre de nouvelles manifestations pour "le week-end prochain".
Dans la capitale, les forces anti-émeutes ont arrêté au moins 952 personnes, selon l'ONG spécialisée OVD Info qui avait comptabilisé 2.509 arrestations sur l'ensemble du territoire russe vers 18H30 GMT.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déploré sur Twitter "les détentions massives" et "l'usage disproportionné de la force", affirmant qu'il discuterait "lundi des prochaines étapes avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE".
Following unfolding events in #Russia with concern. I deplore widespread detentions, disproportionate use of force, cutting down internet and phone connections.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) January 23, 2021
We will discuss on Monday next steps with EU Foreign Ministers #FAC
Le Canada s'est dit samedi "profondément préoccupé par la détention de manifestants et de membres des médias" et a demandé à la Russie de "libérer immédiatement les personnes détenues", dans un tweet du ministère des Affaires étrangères.
Canada expresses its deep concern with the mass detention of protestors and members of the media following peaceful demonstrations in #Russia. We call on Russian authorities to respect #HumanRights and immediately release those who were detained.
— Foreign Policy CAN (@CanadaFP) January 23, 2021
Dans un communiqué, Amnesty International a accusé la police d'avoir "battu sans discernement et arrêté arbitrairement" des manifestants.
Aleksei Navalny is a prisoner of conscience and his detention is arbitrary and politically motivated. He must be released immediately and unconditionally.
— Amnesty International (@amnesty) January 23, 2021
Sign the petition now.https://t.co/jlO67lRONU
A Moscou, le rassemblement s'est déroulé dans l'après-midi place Pouchkine et dans les artères voisines.
La police a elle estimé que 4.000 personnes avaient manifesté à Moscou et qu'une quarantaine de membres des forces de l'ordre avaient été légèrement blessés.
"Des bandits en uniforme protègent les bandits qui sont au pouvoir", a dénoncé Vera Spivakova, retraitée moscovite de 71 ans présente à cette manifestation.
A Saint-Pétersbourg, une foule importante a défilé sur la célèbre avenue Nevski Prospekt qui traverse le centre-ville.
Plus tôt, Ioulia Navalnaïa, la femme de l'opposant, a été arrêtée dans la manifestation moscovite. Elle a été libérée quelques heures plus tard.
D'importants rassemblements et de violentes arrestations ont également eu lieu en Extrême-Orient, à Vladivostok et Khabarovsk. A Iakoutsk, en Sibérie, une centaine de personnes ont manifesté par -50 degrés Celsius.
La diplomatie russe a accusé l'ambassade des Etats-Unis d'avoir publié "des messages sur les réseaux sociaux pour soutenir les manifestations" et "d'encourager des actions violentes". Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que la direction de l'ambassade serait convoquée pour une "conversation sérieuse".
La représentation diplomatique avait appelé sur son site les Américains à ne pas se rendre à ces rassemblements, précisant les lieux où ils se déroulaient.
L'ambassade des Etats-Unis a pour sa part dénoncé sur Twitter "la répression des droits" des Russes.
Russian authorities arresting peaceful protesters, journalists - appears to be concerted campaign to suppress free speech, peaceful assembly. This continues years of Russia tightening restrictions, repressive actions against civil society, independent media, political opposition.
— Jason P. Rebholz (@USEmbRuPress) January 23, 2021
Placé en détention provisoire et visé par plusieurs procédures judiciaires, Alexeï Navalny, 44 ans, a été appréhendé le 17 janvier, dès son retour d'Allemagne, après cinq mois de convalescence à la suite d'un empoisonnement présumé dont il accuse le Kremlin.
Son appel à manifester a été accompagné d'une enquête vidéo, visionnée plus de 70 millions de fois depuis mardi sur YouTube, dans laquelle il accuse Vladimir Poutine de s'être fait bâtir pour un milliard d'euros une fastueuse demeure privée au bord de la mer Noire.
Les autorités rejettent l'ensemble des accusations d'empoisonnement et de corruption, qualifiant l'opposant et son entourage d'"escrocs".