Troubles à Torre Pacheco: huit arrestations, l’extrême droite espagnole officiellement pointée du doigt

Lors des affrontements provoqués  samedi 12 juillet 2025 par des groupes ultranationalistes espagnols à Torre Pacheco.

Lors des affrontements provoqués samedi 12 juillet 2025 par des groupes ultranationalistes espagnols à Torre Pacheco.

À Torre Pacheco, dans le sud-est de l’Espagne, la tension née après l’agression d’un retraité, exploitée par des groupuscules fascistes pour cibler notamment les Marocains, a baissé après l’intervention de la Guardia Civil. Huit personnes ont été arrêtées. Ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska accuse le parti Vox d’avoir attisé les troubles. Autorités et associations appellent à protéger le vivre-ensemble.

Le 14/07/2025 à 13h31

Huit arrestations ont eu lieu depuis vendredi à Torre Pacheco, dans le sud-est de l’Espagne, après une flambée de violences ciblant les immigrés nord-africains, particulièrement les Marocains, attisée par les discours haineux de l’extrême droite. Deux des personnes interpellées sont soupçonnées d’être liées à l’agression d’un retraité espagnol, incident isolé qui a servi de prétexte à des groupuscules radicaux pour semer le chaos et pointer du doigt une communauté marocaine pourtant intégrée.

Interrogé ce lundi sur la situation par la radio Cadena Ser, le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska a confirmé que huit personnes avaient été interpellées depuis le début des émeutes. Loin des amalgames véhiculés, la majorité des personnes interpellées pour violences lors des émeutes, soit cinq au total, sont espagnoles. Le ministre a précisé que l’enquête se poursuivait pour établir les responsabilités exactes, tout en soulignant le déploiement renforcé des forces de sécurité pour rétablir l’ordre et éviter que des groupes extrémistes ne profitent de l’incident pour semer la division.

Fernando Grande-Marlaska a d’ailleurs pointé du doigt le parti Vox pour avoir attisé les troubles enregistrés à Torre Pacheco. Il a assuré qu’«il existe des groupes organisés» qui agissent derrière ces altercations, répondant ainsi à une logique de «criminalisation de l’immigration» au lieu de miser sur «la cohabitation et la prospérité» comme le demande la majorité. Il a rappelé que son ministère dispose de données qui confirment qu’il ne s’agit pas d’actes de délinquance liée à l’immigration mais bien d’une réalité orchestrée par des discours de haine «canalisés» par Vox et ses relais, «qui cherchent à semer la discorde parmi les citoyens».

Dans cette ville de 40.000 habitants, près de 30% de la population est d’origine étrangère. La majorité est marocaine et la cohabitation pacifique est une réalité de longue date. L’Espagne est historiquement une terre d’accueil et de coexistence, notamment avec la communauté marocaine, l’une des plus importantes et des mieux insérées du pays. «Ce sont des familles installées depuis plus de vingt ans, qui travaillent dur dans les exploitations agricoles et participent activement à la vie locale», rappelle Pedro Ángel Roca, maire de Torre Pacheco.

Mais depuis l’agression présumée d’un homme de 68 ans, filmée puis propagée sur les réseaux sociaux, des groupuscules tels que Fuera Ya et Desokupa ont cherché à instrumentaliser cet acte isolé. Des appels à «chasser» les migrants ont embrasé la rue, provoquant des heurts violents et des dégâts matériels, malgré la mobilisation massive de la Guardia Civil. «Des éléments extérieurs sont venus perturber notre vivre-ensemble», a déploré le maire, dénonçant la récupération politique de l’incident par l’extrême droite pour stigmatiser toute une communauté.

Pour sa part, l’Association marocaine pour l’intégration des immigrés a condamné fermement cette vague de racisme et appelé à une protection accrue des personnes menacées. «Les menaces et agressions doivent cesser. Nous exigeons une application ferme de la loi contre toute personne qui incite à la haine, quelle que soit sa nationalité», a insisté l’association dans un communiqué, annonçant mettre à disposition des victimes une équipe d’avocats pour défendre leurs droits.

Par La Rédaction
Le 14/07/2025 à 13h31