Le président algérien Abdelmadjid Tebboune n’est toujours pas au bout de ses peines. Après avoir procédé à plusieurs rafistolages du gouvernement Abdelaziz Djerad, qui a subi des remaniements en seulement quelques mois d’exercice, voici qu’il est à nouveau obligé de faire du nouveau avec du vieux. En effet à la lecture de la composition du nouveau gouvernement annoncé ce mercredi, où 17 ministres de l’équipe Abdelaziz Djerad ont été reconduits, il semble qu’il ne faut pas s’attendre à un changement d’orientation politique dans cette «Algérie nouvelle», chantée par Tebboune, et hissée au rang d’un slogan creux qui ne convainc même pas ses auteurs.
D’ailleurs, le renvoi de ministres de souveraineté parmi les plus impopulaires de l’ancien gouvernement n’est qu’une diversion et les «nouvelles ressources» sont puisée dans la pépinière, entretenue par Bouteflika.
Ainsi, le ministre sortant de la Justice, Belkacem Zeghmati, connu surtout pour être l’auteur de la très controversée loi sur le retrait de la nationalité aux Algériens de la diaspora opposés au régime, cède son portefeuille à l’ex-président de la Cour suprême, Abderrachid Tabi (61 ans). Or ce dernier est en fait rétribué pour avoir invalidé les condamnations des généraux Mohamed Mediène alias Toufik et Khaled Nezzar, tous deux condamnés à une quinzaine d’années de prison par les tribunaux algériens en 2019.
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De même le désormais ex-chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, «remet» son poste à Ramtane Lamamra, son mentor et l'ancien chef de la diplomatie d’Abdelaziz Bouteflika. Un temps pressenti, à l’issue des législatives du 12 juin dernier, pour occuper le poste de Premier ministre en remplacement d’Abdelaziz Djerad, Ramtane Lamamra s’est finalement vu confier la lourde mission de tenter de redorer le blason de la diplomatie algérienne, qui n’a cessé d’accumuler des déboires ces dernières années. Le seul changement notable dans le nouveau gouvernement algérien est lié au ministère des Affaires étrangères. Ce qui constitue en soi un aveu d’échec de la série de débandades, subies par une Algérie très affaiblie sur le plan régional et continental, comme en atteste son rôle désormais considéré comme insignifiant en Libye où le maréchal Haftar n’hésite plus à la provoquer à ses frontières.
Pour rappel, Ramtane Lamamra, que le régime algérien considère comme un «fleuron» de sa diplomatie, est plutôt un pestiféré sur le plan international. L’on se rappelle comment les Américains l’ont vertement recalé il y a quelques mois lorsqu’il a postulé au poste d’envoyé spécial onusien en Libye. «Tout sauf Ramtane», avait clairement signifié l’administration Donald Trump à Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU.
Enfin, les médias algériens et ceux accrédités sur place continueront d’être tenus à l’œil, car le très impopulaire Belhimer Ammar garde en main ses ciseaux d’Anastase, puisque qu’il conserve toujours le ministère de la Communication.
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Rien à signaler donc, à part que le gouvernement Aymen Benabderrahmane, qui compte seulement 3 femmes sur 34 ministres, semble bien avoir été «concocté» pour Tebboune, comme le précisent déjà plusieurs observateurs de la scène algérienne. Selon ces derniers, ce nouveau gouvernement n’est qu’une pâle copie des précédents, d'autant que les élections législatives, massivement boycottées par les Algériens, n’ont pas permis d’apporter la moindre once de légitimité à l’actuel pouvoir.
Cet air de déjà vu du nouveau gouvernement souligne la paralysie d’un système qui fait du sur-place et qui apporte la preuve de son incapacité à faire un sursaut de nature à lui éviter un naufrage inéluctable. Tant mieux pour le peuple algérien!