«Les 29 octobre et 4 novembre 2023, le front Polisario a attaqué la ville de Es-Semara, dans la région du Sahara, revendiquant par la suite la responsabilité de ces actes barbares. Les agressions ont visé uniquement la population civile et ont causé plusieurs morts et blessés», écrit ainsi l’eurodéputé du groupe «Identité et démocratie», en préambule de sa question écrite, adressée à la Commission européenne le 7 décembre. Pour rappel, la première attaque a fait un mort et trois blessés civils graves, alors que la seconde n’a pas fait de victime.
Pour Thierry Mariani, il ne fait nul doute que «cette situation représente un risque pour la stabilité de la région qui pourrait avoir des conséquences collatérales néfastes pour les États membres de l’Union». En effet, étaie-t-il, «différentes sources ont souligné les liens possibles entre le front Polisario et les groupes terroristes islamistes. Le fondateur de l’État islamique au grand Sahara (EIGS), Adnane Abou Walid al-Sahraoui, combattait pour le front Polisario».
Par ailleurs, explique Thierry Mariani dans sa question écrite, «le front Polisario reçoit une aide humanitaire de l’Union pour la gestion des camps de réfugiés de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, qui sont contrôlés uniquement et exclusivement par le front lui-même».
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Compte tenu de cette situation, l’eurodéputé invite la Commission européenne à répondre à deux questions, sachant que le délai imparti pour répondre aux questions écrites est de six semaines. «Considère-t-elle les attaques contre les civils à Es-Semara comme des actes terroristes?», interroge-t-il tout d’abord et enfin, «envisage-t-elle de suspendre le financement des camps de réfugiés dans le sud-ouest de l’Algérie, qui sont contrôlés et gérés uniquement par le front Polisario?».
Dans l’attente de la réponse de la Commission européenne à ces deux questions, le 23 décembre, c’est cette fois-ci sur son compte X (anciennement Twitter) que Thierry Mariani a renouvelé sa position, s’interrogeant sur les raisons de «cette peur coupable de l’Algérie qui hante Macron et l’Union européenne». Car, rappelle l’eurodéputé, «après le Polisario, Alger serait en train de soutenir de nombreux mouvements séparatistes au Sahel, comme par exemple au Mali».
Thierry Mariani fait ainsi allusion à l’audience accordée mardi dernier à El Mouradia, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune à l’imam malien Mahmoud Dicko, chef de la confrérie Kountiya, sans compter les rencontres que l’Algérie a organisées, ces dernières semaines, avec des hommes politiques touaregs du nord du Mali sans la moindre consultation avec Bamako. Des entrevues qui ont provoqué l’ire des autorités maliennes. Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a ainsi convoqué El Haoues Riache, ambassadeur d’Algérie au Mali, pour lui signifier les vives protestations des autorités maliennes contre les «agissements inamicaux» de son pays et dénoncer une «ingérence dans les affaires intérieures du Mali», a annoncé un communiqué du MAECI. Bamako a poussé la protestation jusqu’à rappeler son ambassadeur à Alger. Un acte inédit dans les relations entre les deux pays et qui témoigne, si besoin est, de la gravité des agissements du régime d’Alger.
Pour Thierry Mariani, cet exemple flagrant d’ingérence appelle à un constat sans appel: «L’Afrique a besoin de stabilité, l’Algérie promeut le désordre».
Une position sur laquelle Thierry Mariani revient pour Le360, en dénonçant tout d’abord «le double standard permanent de l’Union européenne», chose qui «se voit dans toutes les occasions». En effet, prend pour exemple l’eurodéputé, «l’Union européenne et la France font semblant de ne pas voir les agressions du Polisario, les agressions de l’Algérie ainsi que celles du Rwanda chez leurs voisins». Dans le même temps, poursuit-il, «vous savez comme moi quelles réactions suscitent certaines agressions en Europe. Cela prouve une fois de plus que les grands principes s’appliquent à la demande en fonction des petits calculs. L’Algérie continue de bénéficier d’une sorte d’impunité».
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Peut-on alors s’avancer à voir le spectre de cette impunité dans le maintien des accords bilatéraux de 1968 entre la France et l’Algérie dans la nouvelle loi immigration? Pour Thierry Mariani, la question ne fait aucun doute. «Macron avait utilisé la bonne expression en parlant de ”rente mémorielle”. Elle fonctionne très bien, car une partie du milieu politique français continue de se sentir coupable de choses qui ont eu lieu il y a des siècles, au pire il y a 60 ans, et considère qu’on ne peut rien dire à l’Algérie, ce qui est quand même hallucinant!», s’insurge-t-il.
Et «quitte à dire des choses qui gênent», l’eurodéputé d’expliquer également cette position française à l’égard de l’Algérie par «le poids de l’électorat algérien». Thierry Mariani invite à ce sujet à ne pas oublier qu’à cette date, «on ne connaît pas les statistiques des binationaux en France», car si «certains parlent d’un million, d’autres de deux millions, le fait est que personne n’en sait rien, car en France, on ne les répertorie pas». Toutefois, une chose semble évidente pour Thierry Mariani, cet électorat «pèse très lourd à certains endroits en France».