Les États-Unis autorisent l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée en Russie

Des essais de tir du système de missiles à longue portée ATACMS de l'armée américaine, similaire à ceux fournis par les États-Unis à l'Ukraine.

Washington a donné le feu vert à l’Ukraine pour utiliser des missiles à longue portée fournis par les États-Unis dans des frappes sur le territoire russe, d’après un responsable américain. Il s’agit d’un changement stratégique majeur à quelques semaines de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Le 18/11/2024 à 07h03

Washington a donné l’autorisation à l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les États-Unis, a déclaré dimanche à l’AFP un responsable américain s’exprimant sous couvert de l’anonymat. Le président Joe Biden accède ainsi à une demande de longue date de Kiev peu avant son départ de la Maison Blanche et le retour du républicain Donald Trump, très critique sur l’aide américaine à l’Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accueilli avec prudence cette annonce, notant que «de nombreux médias rapportent que nous avons reçu l’autorisation de prendre des mesures appropriées». «Mais les frappes ne se conduisent pas à l’aide de mots. Les choses comme cela ne sont pas annoncées. Les missiles parleront d’eux-mêmes», a-t-il poursuivi.

Une réaction au déploiement de militaires nord-coréens

Ces missiles d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres permettraient à l’Ukraine d’atteindre des sites logistiques de l’armée russe et des aérodromes d’où décollent ses bombardiers. Ils devraient être utilisés dans la région frontalière russe de Koursk, où ont été déployés des soldats nord-coréens en appui des troupes russes, selon le New York Times, qui cite des responsables américains s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

La décision par Washington d’autoriser l’Ukraine à utiliser ces missiles est venue en réaction à ce déploiement de militaires nord-coréens, selon ces responsables. Plusieurs pays, dont les États-Unis, se refusaient jusque-là à donner un tel feu vert, par crainte d’une escalade avec Moscou. Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu qu’une telle décision signifierait que «les pays de l’Otan sont en guerre contre la Russie».

La décision des États-Unis pourrait pousser d’autres alliés à emboîter le pas, notamment le Royaume-Uni. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, dont le pays est le deuxième fournisseur d’aide militaire à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022, refuse inlassablement de fournir les missiles à longue portée Taurus réclamés par Kiev. La Pologne, voisine de l’Ukraine et l’un de ses plus fermes soutiens, a salué la décision des États-Unis.

Pour John Hardy, du think tank américain Foundation for Defense of Democracies, «permettre à l’Ukraine de frapper des cibles de haute priorité à travers la Russie pourrait mettre Kiev en meilleure position en vue de potentielles négociations».

Accélérer l’aide américaine

Dans sa campagne pour revenir à la Maison Blanche, Donald Trump s’est montré peu avare de critiques contre les dizaines de milliards de dollars débloqués par Washington pour l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe. L’Ukraine craint un affaiblissement du soutien américain, ou qu’un accord impliquant des concessions territoriales à la Russie ne lui soit imposé.

Le président sortant Joe Biden cherche à accélérer la livraison d’aide militaire à Kiev. De l’enveloppe votée au printemps par le Congrès américain, il reste environ 9,2 milliards de dollars à attribuer, à savoir 7,1 milliards à puiser dans les stocks d’armements américains et 2,1 milliards pour financer des contrats d’achat d’armes, selon le Pentagone.

Par Le360 (avec AFP)
Le 18/11/2024 à 07h03