«Tebboune, qui fanfaronnait devant les médias algériens, doit manger sa chéchia après cette énième déconvenue diplomatique». C’est en ces termes que Le Matin d’Algérie, site d’information algérien actif depuis l’étranger, commente l’échec tonitruant du régime algérien à adhérer aux BRICS.
En effet, depuis juillet 2022, le président algérien Abdelmadjid Tebboune n’a cessé de promettre l’admission immédiate de son pays au sein du groupement des BRICS, car l’Algérie remplit, selon lui, toutes les conditions pour ce faire. Il a même précisé que ce sera fait dès cette année 2023, c’est-à-dire lors du sommet qui vient de s’achever à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Or, ce jeudi 24 août, le 15ème sommet des BRICS a rejeté la candidature algérienne et accepté celles de six autres pays qui intégreront le groupe en janvier 2024 et en deviendront membres à part entière. Il s’agit de l’Iran, de l’Argentine, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. À part l’Argentine, les cinq autres pays font tous partie de la même aire arabo-afro-musulmane que l’Algérie, ce qui montre la place négligeable que cette dernière occupe sur l’échiquier régional. À l’opposé du régime algérien, aucun de ces six pays n’a claironné aussi fort sa candidature aux BRICS. Et encore moins haussé cette adhésion au rang d’enjeu existentiel.
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Ce nouvel échec lamentable de la diplomatie algérienne en général, et du président Abdelmadjid Tebboune en particulier, était en réalité prévisible, car l’Algérie est loin de disposer d’une économie émergente et d’une influence régionale de poids, conditions sine qua non pour intégrer les BRICS, un groupement géographiquement épars et politiquement hétéroclite, mais qui compte peser de tout son poids dans les décisions mondiales.
C’est seulement parce que son allié sud-africain était l’organisateur de ce 15ème sommet, et que les critères d’admission au groupe étaient imprécis, que Tebboune a tenté de profiter aveuglément de ce contexte pour annoncer, dès juillet 2022, la décision de son pays de demander une adhésion aux BRICS. Ses voyages à Moscou et à Pékin, en juillet dernier, afin de solliciter les soutiens de Vladimir Poutine et de Xi Jinping, ont finalement été un fiasco. Ils intervenaient quelques jours seulement après que de hauts officiels indiens ont divulgué, début juillet 2023, une pré-liste des prochains pays qui seront admis aux BRICS et où l’Algérie ne figurait pas.
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L’échec de l’Algérie est d’autant plus cuisant que l’intégration de six nouveaux pays aux BRICS a été effectuée sur la base des nouveaux critères d’admission, adoptés à Johannesburg, et auxquels l’Algérie ne répond donc pas. Ainsi, selon la cheffe de la diplomatie sud-africaine, les BRICS ont réalisé une avancée «positive», car ils ont «adopté un document qui définit les lignes directrices, les principes et les processus d’examen des pays qui souhaitent devenir membres des BRICS».
L’absence du président algérien au sommet de Johannesburg, et de son Premier ministre qui le représente d’habitude dans les sommets des chefs d’État, était un signe précurseur du rejet annoncé de la candidature algérienne. Même le chef de la diplomatie algérienne n’a pas fait le déplacement, et c’est le ministre des Finances Laaziz Faid qui a représenté le régime algérien. Cette sous-représentation a été analysée par nombre d’observateurs comme le signe d’une frustration et la manifestation d’un mécontentement.
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Pourtant, Tebboune a tout fait pour éviter la gifle des BRICS. Sentant venir le coup de massue du rejet de sa candidature, l’Algérie a tenté de limiter les dégâts en proposant de contribuer à la banque commune des BRICS à hauteur d’un milliard et demi de dollars, tout en revoyant ses ambitions à la baisse, ne demandant que le statut d’observateur aux BRICS. Le 1,5 milliard de dollars n’a rien changé à l’affaire et les BRICS ont renvoyé une très réaliste image de l’Algérie: un système en déconfiture et non pas un État. Comme à son habitude, le régime algérien va très certainement réagir à cet échec scandaleux par le déni.