Législatives en France: après le tour de force du RN, l’heure des tractations pour le second tour

Le président du parti politique d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, prononce un discours lors de la soirée de résultats du premier tour des élections législatives à Paris, le 30 juin 2024. AFP or licensors

Encore abasourdis par le score inédit de l’extrême droite, «aux portes du pouvoir» après le premier tour des législatives françaises anticipées, gauche et majorité présidentielle appellent à des désistements au second tour, chacun s’estimant mieux placé que l’autre pour battre l’extrême droite.

Le 01/07/2024 à 07h35

Trois semaines après le séisme des européennes et de la dissolution, la France entre lundi dans une semaine décisive de tractations politiques au lendemain du premier tour de législatives historiques qui a vu l’extrême droite arriver largement en tête.

Avec 33,2-33,5% des suffrages, le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN) et ses alliés font certes moins que les 37% annoncés par les sondages des derniers jours de campagne, mais frappe un grand coup d’entrée, en faisant élire 39 députés dès le premier tour.

Il devance le Nouveau Front populaire réunissant la gauche (28,1-28,5%), loin devant le camp d’Emmanuel Macron (21-22,1%). La coalition de gauche compte 32 élus dès le premier tour, alors que la majorité présidentielle, sous la bannière Ensemble pour la République, n’a réussi à en faire élire que deux.

Si le RN obtient la majorité absolue, et que Jordan Bardella, son président, devenait Premier ministre, ce serait la première fois qu’un gouvernement issu de l’extrême droite dirigerait la France depuis la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle un régime collaborationniste non élu avait été mis en place.

Mais le scénario d’une Assemblée nationale bloquée, sans alliances majoritaires envisageables entre les trois blocs en présence, reste aussi une possibilité, un scénario qui plongerait la France dans l’inconnu. Le pari d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au soir de la déroute de ses candidats aux élections européennes du 9 juin, est dans tous les cas définitivement perdu.

S’impose désormais la question de la marche à suivre au second tour. Un dilemme posé aux macronistes et à la gauche, dans les plus de 300 circonscriptions en situation de triangulaire -voire de quadrangulaire dans une poignée de cas. Les candidats encore en lice ont jusqu’à mardi 18H00 pour décider de se maintenir, ou pas.

«Le meilleur choix»

Du côté du Nouveau Front populaire, les partis ont déjà donné une consigne claire: tout candidat arrivé en troisième position devra se retirer. Mais pour LFI, cela vaudra là où le RN est «arrivé en tête», a précisé Jean-Luc Mélenchon.

En gage de bonne volonté, le candidat LFI de la 6ème circonscription du Calvados a d’ailleurs annoncé son retrait au profit de l’ex-Première ministre Élisabeth Borne. «Nous allons la sauver», a même affirmé le patron du PS Olivier Faure.

«Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe», a lancé de son côté le député européen de gauche Raphaël Glucksmann, qui a également appelé tous les candidats arrivés en troisième position à se désister.

Tout plutôt que le «projet funeste» du RN, c’est également la ligne défendue par l’actuel Premier ministre français Gabriel Attal, qui a lui aussi reconnu que «cela passera par le désistement de (ses) candidats» en «troisième position». Mais seulement pour avantager «un autre candidat qui défend les valeurs de la République», a-t-il ajouté, sans donner d’autre précision sur le sens de ses propos.

Pour sa part, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a appelé à voter au second tour des législatives pour «un candidat du camp social-démocrate», mais qui n’inclut pas La France Insoumise, principal parti de gauche.

En l’état, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d’au moins 240 sièges pour les troupes de Jordan Bardella, voire une courte majorité absolue jusqu’à 295 sièges. Perspective qui inquiète jusqu’au sommet de l’État, où Emmanuel Macron a exhorté à «un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour», là encore sans autre précision.

Le sujet continue de déchirer les cadres de la majorité sortante: hors de question de ses désister pour certains de ses cadors comme François Bayrou, Édouard Philippe, Yaël Braun-Pivet ou Aurore Bergé. Mais les ministres-candidates Sabrina Agresti-Roubache et Marie Guévenoux ont déjà choisi de se désister au profit du NFP, et plusieurs tenants de l’aile gauche plaident pour sortir de la logique du «ni RN ni LFI».

Par Le360 (avec AFP)
Le 01/07/2024 à 07h35