Le Maghreb selon Tebboune!

Mustapha Tossa.

ChroniqueLe Maghreb fantasmé par Tebboune serait un ensemble de pays qui partagent avec lui son animosité atavique à l’encontre du Maroc. Or, malgré ses tentatives et l’arsenal des attractions économiques utilisées, l’échec est au rendez-vous.

Le 22/09/2025 à 16h00

Il reste une carte diplomatique que le régime algérien joue avec un fiévreux appétit, c’est celle d’un maximum de photos d’affichage avec les responsables des pays maghrébins à l’exception du Maroc. À chaque rencontre internationale à laquelle participe Alger, le régime algérien, au niveau de la présidence de la république ou des affaires étrangères, tient absolument à avoir sa photo avec la Tunisie, la Mauritanie, une partie de la Libye et quand c’est possible le front Polisario.

Le fait qu’Alger tient absolument à cette démarche et en fait souvent le point d’orgue de sa diplomatie vise à construire une légende politique selon laquelle le Maroc est isolé sur le plan régional et que malgré cette dynamique internationale qui reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara, les pays du Maghreb seraient loin de partager cette vision. Cette appétence algérienne à s’afficher avec des responsables maghrébins vise aussi à exporter l’idée que l’Algérie n’est pas si isolée et encerclée de pays antagonistes comme le montre la réalité de ses tensions régionales.

En fait l’idée d’un mini-Maghreb sans le Maroc avait été lancée par l’ancien leader islamiste tunisien Rached Ghanouchi, actuellement en train de purger une peine de prison sous le régime de Kaïs Saïed. Quand il avait lancé cette idée, Ghanouchi était un proche, voire un intime du régime militaire algérien dont la façade civile était alors Abdelaziz Bouteflika.

«Tebboune tient toujours à ce qu’une partie de la Libye ainsi que le front Polisario soient toujours présents à ces agapes diplomatiques avec le but de souligner une normalité de la fantomatique RASD, rien n’y fait»

—  Mustapha Tossa

L’idée avait été reprise avec un grand enthousiasme aussi bien par les médias algériens qui y trouvaient un subterfuge pour alimenter leurs campagnes de haine contre le Maroc que par la diplomatie algérienne qui faisait de ces rencontres soi-disant «maghrébines» l’alpha et l’oméga de sa stratégie à l’international. Et depuis le président Tebboune a repris cette idée et a voulu en faire une réalité diplomatique et géographique avec l’objectif assumé de donner cette impression que le Maroc est isolé dans son environnement régional.

Cette stratégie a spectaculairement échoué. À l’exception d’images entre les deux présidents algérien et tunisien Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed où le ridicule et le pathétique de cette alliance artificielle et forcée le disputent à la vacuité et à l’inutilité de la démarche, aucun résultat politique tangible n’a été réalisé. Tebboune tient toujours à ce qu’une partie de la Libye ainsi que le front Polisario soient toujours présents à ces agapes diplomatiques avec le but de souligner une normalité de la fantomatique RASD, rien n’y fait. Le côté fake, engoncé, artificiel, manipulateur des réalités domine cette stratégie.

L’utilisation de cette carte du régime algérien provoque régulièrement des scènes de sarcasmes dans les réseaux sociaux. Récemment à l’occasion du sommet arabo-islamique tenu à Doha pour protester contre la frappe israélienne contre les chefs du Hamas dans la capitale du Qatar, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf n’a rien trouvé à faire, toujours dans cette stratégie du «Maghreb sans le Maroc» que d’organiser une rencontre avec le chargé d’affaires libyen, le ministre des Affaires étrangères tunisien. La photo qui les montre tous les trois hilares dans une attitude de désinvolture manifeste qui contredit totalement la gravité du moment que traversent la question palestinienne et la sécurité des pays arabes.

Par ailleurs, cette stratégie algérienne d’utiliser cette carte du mini-Maghreb commence par ailleurs à agacer le président mauritanien qui refuse de plus en plus de tremper dans ces manigances politiques aussi stériles qu’inutiles. Le Maghreb fantasmé par Tebboune serait un ensemble de pays qui partagent avec lui son animosité atavique à l’encontre du Maroc. Or, malgré ses tentatives et l’arsenal des attractions économiques utilisées, l’échec est au rendez-vous.

Et ce choix commence sérieusement à péricliter. En plus de la Mauritanie qui commence à prendre conscience de l’impasse politique et économique dans laquelle «sa reconnaissance» du Polisario l’avait enfermée, les Tunisiens commencent aussi à s’interroger à haute voix sur la pertinence du choix de leur président Kaïs Saïed de se soumettre aveuglément aux militaires d’Alger au point de donner cette fâcheuse impression que la Tunisie, jadis connue pour sa neutralité positive, est devenue une wilaya algérienne. Quant à la Libye divisée et sans pouvoir central incarné, sa participation aux scènes théâtrales sur le Maghreb selon Tebboune ne pèse pas lourd dans la balance.

Le Maghreb selon Tebboune comme les autres choix antagonistes du régime algérien à l’encontre du Maroc ont de fortes chances de connaître leurs crépuscules avec la nature des évolutions positives et inévitables que connaît le dossier du Sahara marocain au niveau des Nations unies. Demain quand l’organisation new-yorkaise va valider l’option de l’autonomie comme seule et unique solution à cette discorde régionale, aussi bien la Mauritanie qui reconnaît le Polisario que la Tunisie de Kaïs Saïed qui s’est fâchée avec le Maroc à cause du Polisario, vont se retrouver à contre-courant de cette dynamique internationale. Ces pays maghrébins sur lesquels le régime algérien compte pour continuer à vendre des chimères vont être dans l’obligation de mettre à jour leurs positions et les rendre compatibles avec la légalité internationale. Tebboune perdra ainsi sa dernière carte-pression qui lui offrait une forme de théâtre d’ombres et d’impostures.

Par Mustapha Tossa
Le 22/09/2025 à 16h00