Si la langue officielle de la République est le français, inscrit en tant que tel en 1992 dans la Constitution, ce monolinguisme d’apparence côtoie toutefois dans la réalité d’autres langues. L’Hexagone compte ainsi 72 langues régionales et 7 langues dites non territoriales: l’arabe dialectal, le berbère, le yiddish, le romani, l’arménien occidental, le judéo-espagnol et la langue des signes.
Selon un classement de l’Institut national d’études démographiques (INED), qui figure dans l’ouvrage «Le Livre d’une langue», publié sous la direction de Barbara Cassin avec la contribution, notamment, de Xavier North, l’arabe dialectal, avec ses trois à quatre millions de locuteurs, se classe juste après le français et avant les langues régionales et non territoriales, dites «les langues de France», supplantant ainsi «les créoles, le berbère, l’alsacien, l’occitan, le breton, les langues d’oïl, le francique, le corse et le basque», énumère le Figaro dans un article.
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Ce positionnement de l’arabe dialectal constitue, selon le média, une «première dans l’histoire» de la France, «au croisement du recul des langues régionales, de la mondialisation et des migrations».
Mais comment l’arabe dialectal, qui rassemble plus de locuteurs que toutes les langues régionales confondues mais qui n’est la langue officielle d’aucun pays, contrairement à l’arabe classique, peut-il être considéré comme une langue en France? À cette interrogation du Figaro, Xavier North, auteur de l’ouvrage «Le Livre d’une langue», répond qu’il s’agirait en fait d’une notion «un peu arbitraire et sans statut légal» qui repose sur deux fondamentaux: le premier est que la langue de la République est une langue d’accueil, et le second, que les langues issues de l’immigration ne doivent pas être les langues officielles d’aucun pays.
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Raison pour laquelle sont classées parmi les langues non territoriales «des langues minoritaires parlées par des citoyens français sur le territoire de la République, depuis assez longtemps pour faire partie du patrimoine culturel national», rappelle sur son site le ministère de la Culture de la France.
S’agissant de l’origine de cette deuxième langue la plus parlée de la République, la publication précise que l’arabe dialectal parlé en France est «pratiqué très majoritairement sous sa forme maghrébine», même si, explique Alexandrine Barontini, professeure d’arabe marocain à l’Institut national des langues et civilisations orientales, «on ne peut pas dire qu’il y a un seul arabe du Maghreb».