L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières mercredi et tôt jeudi dans la bande de Gaza, notamment à Khan Younès et dans le secteur de Rafah, faisant des dizaines de morts et de blessés, d’après le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne a aussi mené des frappes aériennes la veille dans le sud du Liban, ciblant des «infrastructures» du Hezbollah à Maroun al-Ras, et un «poste d’observation» du mouvement libanais à Merkaba. Elle avait annoncé mercredi une «action offensive» sur «tout le sud» du Liban et précisé que son aviation et artillerie avaient frappé 40 cibles du Hezbollah libanais, autour d’Aïta el-Chaab. La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué qu’il n’y avait pas eu de franchissement de frontière.
En parallèle, les Nations unies et de nombreuses capitales étrangères, dont Washington, s’inquiètent des préparatifs en cours pour une offensive terrestre sur cette ville où s’entassent un million et demi de Palestiniens, en grande majorité des personnes déplacées ayant fui les opérations israéliennes dans le reste du territoire palestinien.
Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils de Rafah vers la ville proche de Khan Younès, notamment, où il prévoit d’installer «des abris et des centres de distribution de nourriture».
«Un crime»
L’évacuation des civils gazaouis durerait deux à trois semaines et serait menée en coordination avec les États-Unis, l’Égypte et d’autres pays arabes tels que les Emirats arabes unis, selon ces responsables cités par le média américain. Des images satellite partagées par Maxar Technologies et publiées par l’AFP montrent des tentes récemment installées dans le sud du territoire.
Une telle opération «serait un crime» a déclaré à l’AFP le directeur du bureau de presse du gouvernement à Gaza, Ismaïl Al-Thawabta, assurant que le centre de Gaza et la ville de Khan Younès «ne peuvent absolument pas accueillir» les déplacés de Rafah.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.262 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 77.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 486 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
La Défense civile de Gaza a affirmé avoir exhumé depuis samedi plus de 340 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des charniers à l’intérieur de l’hôpital Nasser, à Khan Younès. Parmi eux se trouveraient des cadavres de femmes et de jeunes enfants aux mains liées derrière le dos, laissant penser à des exécutions sommaires lors de l’assaut de l’armée israélienne sur ce complexe hospitalier.
Mardi, l’ONU a réclamé une enquête internationale sur ces fosses communes découvertes dans les deux principaux hôpitaux al-Chifa à Gaza et Nasser à Khan Younès, soulignant la nécessité de mettre fin au «climat d’impunité» actuel. L’Union européenne a également apporté son soutien à la demande onusienne d’une enquête indépendante.
La Maison Blanche a pour sa part exigé «des réponses» et «une enquête fouillée et transparente», mais menée par le gouvernement israélien, a déclaré mercredi Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden.
Vidéo d’un otage israélien
Le Hamas a diffusé mercredi, sur sa chaîne Telegram, une vidéo d’un otage, qui apparaît seul à l’écran. Se présentant comme Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, il accuse le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les membres du gouvernement israélien d’avoir «abandonné» les otages.
Mercredi soir à Jérusalem, des dizaines de manifestants se sont réunis devant la résidence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, réclamant la signature d’un accord pour la libération des otages détenus à Gaza. Et les manifestants ont chahuté le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir qui tentait de s’exfiltrer de la foule.
US President Biden tells Israel that new humanitarian aid be allowed to immediately reach Palestinians in Gaza as key Washington ally continues its war despite calls for a ceasefire
— TRT World (@trtworld) April 24, 2024
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Alors que l’ensemble de la population de Gaza est confrontée selon l’ONU à un risque de famine, Joe Biden a promulgué mercredi une loi comprenant une aide militaire de 13 milliards de dollars à Israël, mais aussi de l’aide humanitaire pour Gaza, appelant Israël à «veiller à ce que toute cette aide parvienne sans délai aux Palestiniens».