Gaza: frappes israélienne sur Khan Younès et Rafah, tournée de Blinken au Moyen-Orient

Une photo prise à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, montre de la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments de Khan Younès à la suite des bombardements israéliens, le 5 février 2024.. AFP or licensors

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken arrive ce lundi au Moyen-Orient pour encourager une trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, où les combats et les bombardements se poursuivent sans relâche dans les villes de Khan Younès et de Rafah.

Le 05/02/2024 à 07h20

Alors que la guerre va entrer mercredi dans son cinquième mois, l’armée israélienne a de nouveau bombardé dimanche Khan Younès, dans le sud du territoire, faisant des dizaines de morts. Selon un journaliste de l’AFP, des frappes aériennes ont également visé Rafah, plus au sud, touchant un jardin d’enfants, d’après le Hamas.

Dans cette ville qui comptait 270.000 habitants avant la guerre s’entassent désormais selon l’ONU plus d’1,3 million de personnes ayant fui les combats qui ont dévasté le territoire assiégé. Les craintes s’amplifient face à une possible offensive militaire contre cette ville surpeuplée, située à la frontière fermée avec l’Égypte et où la situation humanitaire est désastreuse d’après les ONG.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré que l’armée avait détruit la majorité des «bataillons» du Hamas. «La plupart de ceux qui restent sont dans le sud de la bande de Gaza et à Rafah, et on va s’en occuper», a-t-il ajouté, après que le ministre de la Défense Yoav Gallant ait annoncé à son tour que Rafah était le prochain objectif de l’armée israélienne.

Dans et autour de cette ville, où la densité de la population atteint des sommets, la situation humanitaire et sanitaire demeure critique, suite à quatre mois de siège, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant. Les aides, dont l’entrée est bloquée depuis des jours par des civils israéliens, passent au compte-gouttes.

Les agences onusiennes et différentes ONG sur place s’alarment de risques de famine et de la propagation de maladies. «Dans les conditions de vie surpeuplées qui règnent à Gaza, la propagation des maladies s’accélère. Les gens manquent de nourriture, d’eau et d’installations sanitaires», s’est alarmé le bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU.

Supprimer le financement de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) serait «à la fois disproportionné et dangereux» et «mettrait en danger des centaines de milliers de vies», a déclaré dimanche Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.

Israël avait accusé quatre employés de l’agence onusienne (sur les 30.000 qu’elle compte) d’implication dans l’attaque du 7 octobre. En réaction à ces accusations, douze pays, dont d’importants donateurs comme les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et la Suède, ont annoncé suspendre leur financement à l’agence, qui s’est dite menacée de devoir cesser ses activités «d’ici fin février».

L’UE avait, elle, réclamé un audit de l’Unrwa, précisant qu’elle prendrait une décision en fonction des résultats de l’enquête ouverte par l’ONU. D’autres pays ont cependant refusé de suspendre leur financement de l’agence, notamment la Belgique, la Norvège, l’Espagne, qui a annoncé le triplement de sa contribution, et le Portugal, qui a augmenté la sienne d’un million d’euros.

«Sommes-nous en train de payer le prix pour avoir attiré l’attention sur le sort des gens à Gaza, sur cette catastrophe humanitaire qui se déroule sous nos yeux ?», s’est interrogé Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Unrwa.

Tractations pour une seconde trêve

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 27.365 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 67.000 blessés selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Sur le front diplomatique, des tractations se poursuivent pour parvenir à une seconde trêve, après celle d’une semaine fin novembre. Une centaine d’otages retenus à Gaza avaient alors été échangés contre des Palestiniens détenus par Israël, exclusivement des femmes et des adolescents.

Antony Blinken, dont le pays est le principal soutien d’Israël, est attendu lundi en Arabie Saoudite, première étape d’une cinquième tournée dans la région, avant de se rendre au Qatar, en Égypte, en Israël et en Cisjordanie occupée.

Tout en disant continuer à soutenir «le droit d’Israël à se défendre», les États-Unis affichent une frustration croissante envers le gouvernement israélien. En Israël, M. Blinken fera ainsi pression afin d’accroître l’acheminement de nourriture, d’eau et de médicaments dans la bande de Gaza. «Il s’agira d’une de ses principales priorités lorsqu’il rencontrera le gouvernement israélien», a indiqué dimanche le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

À Beyrouth, un responsable du Hamas, Oussama Hamdane, avait jugé samedi prématuré de parler d’un accord sur une trêve. Le projet élaboré par les médiateurs qatari, américain et égyptien à Paris fin janvier est «un accord-cadre qui a besoin d’être étudié» par le mouvement palestinien, a-t-il dit.

Selon une source du Hamas, la proposition prévoit notamment une trêve de six semaines avec la libération de 35 à 40 otages en échange de 200 à 300 détenus palestiniens. Le Hamas exige un cessez-le-feu total, ce que refuse Benjamin Netanyahu malgré la pression des familles des otages qui manifestent quasi-quotidiennement pour demander la libération de leurs proches.

À la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont quotidiens entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l’armée israélienne. Cette dernière a indiqué dimanche avoir détruit des sites et des postes d’observation du mouvement chiite dans le sud du Liban.

Les tensions continuent également en mer Rouge, où le trafic maritime est menacé par les rebelles yéménites Houthis, proches de l’Iran, qui se disent solidaires des Palestiniens de Gaza. Dimanche, l’armée américaine a annoncé avoir détruit, lors de raids aériens au Yémen, cinq missiles de croisière des Houthis, dont quatre étaient destinés à attaquer des navires et le cinquième des cibles terrestres.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/02/2024 à 07h20