France: le gouvernement Barnier face à la tourmente

Le Palais Bourbon, à Paris, siège de l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français.

Le gouvernement français vit sauf surprise ses derniers jours, l’extrême droite ayant annoncé lundi qu’elle voterait la censure sur des questions budgétaires, ce qui, avec les voix de la gauche, devrait précipiter la chute de l’exécutif dans une France plongée déjà depuis des mois dans le chaos politique.

Le 02/12/2024 à 17h45

«Nous voterons la censure du gouvernement», a tranché la figure de proue de l’extrême droite Marine Le Pen. Les voix du Rassemblement national (RN) et celles de l’alliance de gauche, qui a aussi déposé une motion de censure, sont suffisantes pour faire tomber le gouvernement de centre-droit dépourvu de majorité à l’Assemblée.

Peu avant, le premier ministre Michel Barnier avait engagé la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter sans vote le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Devant un hémicycle survolté, Michel Barnier, engagé depuis plusieurs jours dans de laborieuses tractations, a dit avoir été «au bout du dialogue avec l’ensemble des groupes politiques».

«Nous sommes à un moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités», a-t-il dit. «Je pense que les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la nation», a-t-il ajouté.

Quelques instants après, la gauche radicale quittait l’hémicycle et annonçait le dépôt d’une motion de censure, puis l’extrême droite faisait de même, tout en précisant qu’elle voterait aussi la motion de la gauche. Le texte sera examiné au plus tôt mercredi.

Le gouvernement Barnier devrait donc chuter, malgré les concessions qu’il a multipliées ces derniers jours à l’extrême droite, arbitre du jeu: pas d’augmentation des taxes sur l’électricité, aide médicale d’État réduite pour les étrangers, renoncement à un moindre remboursement des médicaments... Lundi, peu avant l’ouverture de la séance à l’Assemblée, le RN posait une nouvelle condition en exigeant un geste sur les retraites pour ne pas censurer le gouvernement.

Baromètre de la confiance en baisse

La France continue de s’enfoncer dans la crise politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juin, qui a conduit à un hémicycle fragmenté en trois blocs, aucun ne disposant de la majorité absolue.

Le pays est confronté à une dette abyssale et au risque d’une crise financière. Immédiatement après que Michel Barnier a engagé la responsabilité du gouvernement, l’écart entre les taux d’intérêt d’emprunt de la France et de l’Allemagne a fortement augmenté sur les marchés.

L’écart entre ces deux taux, appelé «spread», et baromètre de la confiance des investisseurs vis-à-vis de la signature de la France, s’élevait à 0,88 point de pourcentage, un niveau comparable à 2012.

Dans ce climat délétère, les Français, eux, sont essentiellement préoccupés par le pouvoir d’achat et jugent à 87% leur pays «en déclin», selon une enquête annuelle Ipsos-Sopra Steria publiée lundi.

Interrogés sur les enjeux qui les préoccupent le plus «à titre personnel», les Français placent en tête «les difficultés en termes de pouvoir d’achat» (38%), devant «la protection de l’environnement» (23%) et «le niveau de la délinquance» (22%), selon ce sondage sur «les fractures françaises».

D’après cette enquête d’opinion, près d’un tiers des Français (31%) souhaitent une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale après celle décidée le 9 juin dernier tandis que 52% d’entre eux sont favorables à la démission d’Emmanuel Macron.

Par Le360 (avec AFP)
Le 02/12/2024 à 17h45