Une nouvelle preuve, une de plus, de la surenchère phonétique creuse, sport favori des décideurs algériens. Le Programme algérien des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, annoncé à grand roulement de tambours en 2011 par les préposés à la gouvernance du pays, s’est révélé être ni plus ni moins qu’une grossière supercherie. Et pour s’en apercevoir, il n’est qu’à constater que ce Programme, élevé en 2016 au rang de «Priorité nationale», n’a été accompagné d’aucune avancée tangible sur le terrain.
Tenez, "Alger atteint une capacité de production de seulement 390 MW contre 22.000 des énergies renouvelables, soit 1,8% de l’objectif" claironné initialement, constatent, la mort dans l'âme, nos confrères algériens.
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Un taux on ne peut plus dérisoire en regard du résultat réalisé par le Maroc, soit une capacité de production de 3.700 MW, couvrant ainsi 35% de la consommation des Marocains.
Un fossé qu'il ne sera évidemment pas aisé de remplir, d'autant moins qu'Alger manque terriblement de l'expertise requise pour pouvoir "tutoyer" le Maroc, dont le rôle précurseur en la matière lui vaut ce statut enviable de leader continental.
D'une bulle de savon à l'autre...Or voilà, la volonté affichée par l'exécutif algérien, dans les textes aussi bien que via les micros, entre 2010 et 2019, était de faire de l’Algérie «un acteur majeur» de la région en matière de développement des énergies propres. Pour ce faire, il n'a pas lésiné sur les pétro et autres gazo-dollars. Il a procédé à l’adoption d’une panoplie de mesures de soutien visant la promotion de l’énergie verte, à travers l’instauration d’une batterie de textes juridiques et la création de plusieurs structures dédiées, dont l’Institut algérien des énergies renouvelables (IAER).
L’Exécutif algérien a également mobilisé un «Fonds national pour la maîtrise de l’énergie et pour les énergies renouvelables et la cogénération» (FNMEERC), lequel est alimenté, annuellement, à hauteur de 1% de la redevance pétrolière et du produit de certaines taxes, et a mis en place un réseau de centres de recherche et de développement de l’électricité et du gaz, «le Centre des énergies renouvelables» et «l’Unité de développement des équipements solaires».
Autant de "bulles de savon" et une ambition mal placée de se positionner comme «acteur majeur» dans la production de l’électricité à partir des filières photovoltaïque (13.375 MW) et éolienne (5010MW), en intégrant la biomasse (valorisation des déchets pour une production de 1000 MW), la cogénération (400 MW), la Géothermie (15 MW) et le solaire thermique à l’horizon 2021 et, afin d’assurer d’ici 2030, 37% de sa demande énergétiquee globale et 27% de la production d’électricité destinée à la consommation nationale ainsi que 300 milliards de M3 de consommation en gaz naturel.
Seulement voilà, ces initiatives se sont heurtées à la cherté de certaines énergies renouvelables, notamment celles liées au solaire thermique, à la forte dépendance de la sécurité énergétique du pays au gaz, au manque d’une véritable industrie solaire et, last not least, aux malversations des acteurs politiques qui ont dévié les fonds dédiés au développement des énergies renouvelables pour être utilisés à d’autres fins.
L’échec du développement des énergies renouvelables en Algérie s'explique aussi et surtout par la stratégiee adoptée par la Sontrach, axée principalement sur la filière pétrochimique, les produits de base et l’exploration minière dans un environnement marqué par l’incapacité du pays à accueillir une véritable industrie d’énergies renouvelables.