Les Bourses en Asie ont dévissé ce lundi 7 avril, tandis que les places européennes et Wall Street s’orientaient vers un nouveau plongeon, dans des marchés paniqués par l’offensive douanière par Donald Trump et les représailles chinoises. Les cours du pétrole, eux, se sont enfoncés de 4% à des niveaux plus vus depuis quatre ans.
À la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en chute de 7,82% à 31.136,58 points. À Séoul, l’indice Kospi a fini en baisse de 5,57%, et un peu plus tôt, Sydney avait clôturé en repli de 4,2% et Taïwan sur un plongeon de 9,7%. Vers 06H30 GMT, l’indice Hang Seng à Hong Kong continuait de dévisser (-11,8%), peu après avoir lâché plus de 13%. L’indice composite de Shanghai perdait quant à lui 8,30% et celui de Shenzhen 11,16%.
Après une première salve de 10% de droits de douane américains planchers, qui ont pris effet samedi, des majorations s’appliqueront dès ce mercredi à des dizaines de pays, dont la Chine (avec une surtaxe montant à 34%), le Japon (24%), la Corée du Sud (25%) ou encore le Vietnam (46%).
Les marchés financiers restent paniqués par les conséquences économiques d’une telle offensive protectionniste américaine et redoutent une escalade: Pékin a répliqué par des surtaxes douanières de 34% ciblant les produits américains.
«Une guerre commerciale mondiale»
«Le risque d’une guerre commerciale mondiale à grande échelle s’accroît. L’impact négatif et l’incertitude pèseront sur l’économie mondiale en réduisant les échanges et les investissements», prévient Lloyd Chan, analyste de MUFG.
Avec l’annonce de la Chine, «il est clair qu’il s’agit d’une guerre économique brutale», commente Stephen Innes, de SPI Asset Management. «Il ne s’agit plus seulement d’un conflit commercial, mais d’une refonte systémique de l’ordre économique mondial» dont les règles «sont en train d’être démantelées en temps réel», s’alarme-t-il.
Les groupes liés aux semiconducteurs, plombés par les risques de désorganisation des chaînes de production électronique à travers l’Asie, continuent de plonger, dont Advantest (-11%) et Sumco (-15,8%) à Tokyo, et TSMC (-9,98%) à Taipei. Fournisseurs et sous-traitants d’Apple, qui produit ses smartphones en Asie, étaient aussi attaqués, à l’image du taïwanais Foxconn (-10%).
«Il y a une part de panique (...) les fonds vendent à la baisse pour lever des fonds, et les représailles de la Chine ont accru le risque, une dévaluation du yuan étant désormais envisagée», au risque d’alimenter la volatilité, indique Sat Duhra, de Janus Henderson Investors, cité par Bloomberg.
Vers un nouveau plongeon à Wall Street
Les contrats à terme portant sur le Dow Jones et l’indice élargi S&P 500 décrochaient, signe que l’effondrement de la semaine dernière risque de se poursuivre. «Jusqu’à présent, l’équipe de Trump ne recule pas (...) Il est clair que Washington utilise les difficultés du marché comme un levier» pour négocier, «et non comme un signal les encourageant à changer de cap», indiquait Stephen Innes.
Dans le sillage des places asiatiques, les Bourses européennes ont ouvert en chute libre ce lundi. Dans les premiers échanges, la Bourse de Francfort dévissait de 7,86% après avoir brièvement chuté de plus de 10%. La Bourse de Paris dégringolait de 6,19%, Londres de 5,83%, Milan de 2,32% et la Bourse suisse de 6,82%.
Les cours du pétrole étaient également en chute libre. Vers 06H30 GMT le baril de pétrole américain WTI lâchait 4% à 59,51 dollars, reculant sous les 60 dollars pour la première fois depuis avril 2021. Il a perdu plus de 16% depuis mercredi. Le baril de Brent de la mer du Nord cédait 3,84% à 63,04 dollars.
«Le moral du marché s’est effondré face aux craintes croissantes que la guerre commerciale n’entraîne une récession de l’économie mondiale et un ralentissement de la demande pétrolière», observe Giovanni Staunovo, analyste de UBS. Les pays producteurs de l’Opep+ ont par ailleurs indiqué qu’ils annulaient leurs réductions de production prévues pour mai.
Or stable, Bitcoin en recul
Signe d’un mouvement violent d’aversion au risque, les taux des obligations d’État américaines et japonaises à dix ans fléchissent, reflétant une forte demande. La devise japonaise, jugée sûre, bondissait de 1,13% face à un billet vert affaibli, à 145,26 yens pour un dollar.
L’or, valeur refuge par excellence, se stabilisait (-0,4% à 3.025 dollars l’once) mais restait non loin de ses records de jeudi. À l’opposé, le bitcoin, actif très spéculatif, chutait de 5,3% à 74.644 dollars en fin d’échanges asiatiques. Il a chuté de plus de 10% depuis l’annonce des droits de douane américains la semaine dernière et de 30% depuis son pic historique de janvier.
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