Selon un communiqué de la présidence algérienne publié jeudi 1er juin, «le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé, ce jour, une réunion du Haut conseil de sécurité restreint, consacrée à l’examen de la situation générale dans le pays et au niveau des frontières».
Ce qui est inédit dans cette réunion, c’est la nouvelle dénomination de «Haut conseil de sécurité restreint», soit un HCS-bis, où seuls les différents services relevant du ministère de la Défense ont eu droit de présence. Ainsi, autour du chef suprême des armées et ministre de la Défense, qu’est Abdelmadjid Tebboune, il y avait au total dix hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie, dont cinq seulement sont membres du HCS.
En plus du chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, on retrouve le général-major Yahia Ali Oulhadj, commandant de la gendarmerie, le général Djamel Kehal, directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), le général Djebbar Mehenna, directeur de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE), poste qu’il cumule avec la direction générale de la lutte contre la subversion (DGLS), et le colonel Mahrez Djeribi, directeur central de la sécurité de l’armée (DCSA) par intérim depuis le 11 mars dernier.
Arrivent ensuite les cinq non-membres du HCS, dont le secrétaire général du ministère de la Défense, le général-major Mohamed Salah Benbicha, le commandant des forces navales, le général-major Mahfoud Benmeddah, le commandant des forces aériennes, le général-major Mahmoud Laraba, l’adjoint du commandant de la Garde républicaine, en remplacement du vieux général de corps d’armée Benali Benali (âgé de plus de 87 ans et malade), et le conseiller aux affaires militaires et de sécurité du président algérien, le général-major Boumediene Benattou.
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Exit donc six autres membres de droit du HCS, à savoir le Premier ministre, le ministre de la Justice, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l’Intérieur, le directeur de cabinet du président et, plus surprenant, le patron de la police absent d’une réunion sécuritaire.
Quel est donc l’objet d’une telle réunion inédite et «non ordinaire», à laquelle seuls les commandants des différents corps de l’armée et les chefs des services de renseignement ont assisté autour du président algérien?
Les généraux sont-ils venus taper du poing sur la table, suite à l’affaire des écoutes téléphoniques, instiguées par Abdelmadjid Tebboune avec la complicité du PDG de Mobilis, l’opérateur public de téléphonie mobile, et dont ils auraient fait l’objet?
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D’habitude, le HCS ne communique jamais sur l’ordre du jour abordé lors de ses réunions. Mais cette fois-ci, la présidence algérienne a levé un petit pan du voile en précisant que cette rencontre a été «consacrée à l’examen de la situation générale dans le pays et au niveau des frontières».
Si «la situation générale du pays» est catastrophique, marquée qu’elle est par l’appauvrissement grandissant des Algériens, qui ne sentent même pas l’odeur des hydrocarbures de leur pays, et qui sont confrontés à des pénuries chroniques de produits de base, et laissés pour compte face aux catastrophes naturelles ou non (feux de forêts, inondations…), la gestion de ces situations ne concerne en rien les militaires, quand bien même ils sont les détenteurs réels du pouvoir, mais plutôt le gouvernement, dont aucun membre n’a assisté à cette réunion.
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En réalité le «tout militaire» de la réunion du «HCS restreint» et l’examen de la «situation au niveau des frontières» laissent clairement entendre qu’il s’agirait d’un casus belli. A l’adresse de qui?
Ce qui est certain, c’est que cette réunion a été convoquée quelques heures seulement après que la presse de la junte a fait état d’un complot tripartite ciblant l’Algérie. Un doigt accusateur a été pointé vers la France, Israël et le Maroc, dont les services secrets respectifs auraient organisé une rencontre à Tel-Aviv en vue de déstabiliser l’Algérie.