Si la pandémie a vu croître le nombre de télétravailleurs, le retour à la vie normale n’a pas signé la fin du télétravail pour autant. Bien au contraire, nombreux sont ceux qui ont décidé de poursuivre l’expérience du travail à distance et pourquoi pas, de coupler l’utile à l’agréable, en s’offrant une vie de travailleur nomade. Parce que oui, voyager tout en travaillant, c’est possible.
Exit l’obligation de travailler dans un endroit clos, de se rendre chaque jour au même endroit et de ne découvrir le monde que pendant les quelques semaines de vacances dédiées aux congés annuels. Aujourd’hui, la tendance est au Big Quit (la grande démission) outre-atlantique, mais aussi au nomadisme numérique. Un nouveau concept qui décomplexe notre rapport au travail et entend, par la même occasion, envoyer valser la culpabilité de ne pas se soumettre à la logique du métro-boulot-dodo.
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Etre nomade numérique, c’est donc travailler à distance et de préférence à partir d’un pays étranger. Ainsi donc, quand les touristes regagnent leurs pénates à la fin de l’été, les nomades numériques eux, n’embarquent pas dans un vol retour et poursuivent leur séjour au soleil tout en travaillant dans un cadre de vacances offrant le confort et les outils nécessaires à un cadre professionnel.
Le Maroc, hotspot des travailleurs à distancePendant la pandémie, le phénomène d’exode a touché les grandes capitales européennes qui, à l’instar de Paris, ont vu leur population se réfugier dans les villes du Sud. Car quitte à être confinés, autant l’être sous un climat clément. Mais après le succès rencontré par ces destinations européennes ces deux dernières années, c’est désormais au tour du Maroc de s’inscrire comme le hotspot de ce nouveau genre de tourisme.
Moins cher, proche de l’Europe, moderne, le Maroc est ainsi dans le viseur de deux entreprises spécialisées dans le nomadisme numérique, Selina et Outsite, lesquelles y envisagent de grands projets d’expansion.
Le Maroc «est devenu une plaque tournante pour les nomades, parce que c'est très accessible, et c'est beaucoup moins cher que n'importe quel pays d'Europe. C'est un pays super intéressant, et il va devenir encore plus populaire, explique ainsi Emmanuel Guisset, cofondateur et PDG de Outsite, une plateforme qui propose le meilleur du coworking avec la commodité d’Airbnb.
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Destiné aux entreprises, mais surtout aux nomades numériques, ce concept permet par exemple de bénéficier d’équipements sportifs gratuits (vélos, planches de surf), d’être aidé par les gérants d’une habitation pour organiser des activités sportives, de faciliter l’entrepreneuriat féminin ou encore de bénéficier d’environnements relaxants…
«Les entreprises peuvent organiser des hors-sites ou des retraites, ou offrir une adhésion et un crédit Outsite pour attirer et retenir les talents», explique le fondateur de Outsite. On travaille certes, mais dans un cadre idyllique, comme c’est déjà le cas dans neuf endroits à travers le monde, des villes côtières aux montagnes, du Costa Rico, à Porto Rico, en passant par Hawaï, Venice Beach, San Diego, Santa Cruz, Lake Tahoe, New York… et bientôt, dès le 5 septembre, à Marrakech, où l’entreprise Outsite vient d’acquérir un magnifique Riad pour y accueillir sa communauté de nomades numériques.
Et Outsite n’a pas l’intention de s’arrêter là. L’entreprise, qui compte déjà quarante-cinq propriétés à travers le monde, aurait pour ambition d’acquérir d’autres établissements au Maroc, notamment à Essaouira, rapporte le site Skift.
Le Maroc, la porte d’entrée pour l’AfriqueMais Outsite n’est pas pionnier en la matière, car déjà Selina, qui opère dans le même secteur d’activité, y a fait ses premiers pas fin mai, en inaugurant le Nomad Camp Agafay, à trente minutes de Marrakech. Un concept de coworking qui séduit et pour cause, ici on propose de dormir sous une tente bédouine, de faire du quad dans les dunes, de découvrir les villages berbères alentours, de déguster la gastronomie locale, de se rafraîchir dans une piscine avec vue sur désert, entre deux séances de travail dans l’espace coworking dont dispose le camp.
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Et Ariel Levinsohn, vice-président de Selina, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «Le Maroc est dans notre radar à peu près depuis le premier jour», explique-t-il avant d’annoncer «un très gros portefeuille pour le Maroc», un pays qu’il considère comme «une destination de choix» où «le tourisme va exploser».
Ainsi, après le désert d’Agafay, c’est à Dakhla, en décembre 2022, et à Essaouira, en 2023, suivis de Taghazout et Merzouga que l’enseigne Selina entend s’implanter. Du pain béni pour les nomades numériques, pour le Maroc qui attire désormais un nouveau type de tourisme, au profil jeune, moderne, aisé et qui s’inscrit dans le temps, mais aussi pour Outsite et Selina qui font ainsi leurs premiers pas sur le continent africain.