La grande démission

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ChroniquePourquoi quitter son job quand on ne sait pas de quoi demain sera fait? Les raisons sont multiples mais sont déclenchées par une même impulsion, l’envie de vivre mieux.

Le 19/06/2022 à 13h25

Ces deux dernières années ont été riches en enseignements, en prises de conscience, qui se sont concrétisés parfois par des changements profonds opérés dans nos vies. Avec les multiples confinements, nous avons été confrontés à une situation inédite dans le cadre de laquelle nous avons bien été forcés d’envisager le pire, et par conséquent, de s’adapter et de changer nos habitudes.

L’adoption en masse du télétravail a permis de repenser la notion d’efficacité et de rendement. La fermeture des commerces et des restaurants a permis d’asseoir nos changements de consommation avec l’adoption généralisée du fait maison. Entre deux réunions en visio’, on a retrouvé les joies de cuisiner chez soi avec pour effet de manger mieux et de dépenser moins.

Résultat des courses, malgré l’angoisse du lendemain ravivée en cette période de grandes incertitudes, un phénomène qu’on n’avait pas vu venir est né aux Etats-Unis et commence à se déployer lentement dans d’autres pays anglo-saxons mais aussi en France, celui de la «grande démission», en anglais «The Big quit».

En 2021, au pays de l’Oncle Sam, ils étaient ainsi près de 38 millions à s’inscrire dans ce mouvement en quittant leur emploi et cette année aussi, le phénomène ne faiblit pas, avec déjà 4,4 millions de démissions en avril et 4,5 millions en mars. Pourquoi quitter son job quand on ne sait pas de quoi demain sera fait? Les raisons sont multiples mais sont déclenchées par une même impulsion, l’envie de vivre mieux.

En sortant du cadre traditionnel du professionnel régi par des horaires fixes et des contraintes, nombreux sont ceux qui ont pris conscience d’un certain désenchantement lié à leurs conditions de travail, du mal-être vécu au quotidien, et ont reconsidéré leurs ambitions en se questionnant sur le sens de leur vie mais aussi celui de la vie de famille.

Cette grande démission a ouvert la voie à ceux qui ont décidé de lancer leur propre entreprise, ceux qui ont finalement renoué avec leur première passion et puis, autre profil et non des moindres, ceux qui pris la mesure des dépenses liées au fait même de travailler et se sont délestés d’un boulot au sein du couple. Car aussi étrange cela puisse-t-il paraître, ne pas travailler, c’est aussi faire des économies, que ce soit au niveau du coût des déplacements mais aussi de nos habitudes de consommation et de la gestion des enfants. Une voiture au lieu de deux, pas de nounou, pas de femme ménage, pas de crèche, pas de repas pris à l’extérieur… In fine, on en revient à un certain modèle de vie de famille traditionnelle tout en économisant.

Avec la hausse des prix du carburant qui va crescendo et l’impact de cette envolée sur nos modes de circulation, la question se repose aujourd’hui plus que jamais, au Maroc aussi, où le parc automobile est en constante évolution et a doublé entre 2002 et 2018. A 18 dirhams le litre d’essence, on y repense à deux fois avant de démarrer sa voiture, et on louche désormais sur notre vélo qui moisissait dans son abri.

Ne tiendrait-on pas là un début de solution à la crise environnementale qui nous guette? Faut-il que l’on soit contraint de la sorte pour adopter un mode de consommation vert? Une chose en particulier devient une évidence à la lumière de la guerre entre l’Ukraine et la Russie et de la pandémie, le manque d’argent est décidément la seule chose qui puisse nous motiver à opérer de profonds changements salutaires dans nos vies. Pour vivre mieux, consommer moins, circuler moins, dépenser moins… Un sacré bond en arrière dans le temps qui comporte somme toute bien des bienfaits.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 19/06/2022 à 13h25