Première guide de montagne certifiée au Maroc en 1994, Hafida Hdoubane a fait ses armes en escaladant à maintes reprises le Toubkal, le plus haut sommet d’Afrique du Nord.A cette époque pas si lointaine, le métier de guide montagne était la chasse gardée des hommes et des étrangers. «Les Marocains ne savaient pas vraiment ce que cela voulait dire d’être un guide de montagne à l’époque. Beaucoup de guides étaient européens. Montrer aux Marocains que le travail existait était important» explique la jeune femme.
Depuis, un tout petit bout de chemin a été parcouru. Ainsi en 2017, seulement 4% des guides touristiques marocains étaient des femmes, selon Skift, et le pays ne compterait aujourd’hui que 10 guides de montagne dans tout le pays, selon la BBC.Une avancée due «en grande partie grâce à la visibilité de Hdoubane et aux efforts conçus par des entreprises comme Peak DMC et Wild Women Expeditions pour former, embaucher davantage de femmes» analyse Conde Nast Traveler.
Les avancées du tourisme dans des régions naguère enclavées ont aussi grandement favorisé le développement de ce métier comme l’explique bien Hafida Hdoubane: «le tourisme en montagne a également aidé de nombreuses régions oubliées par de nombreuses couches de la société - des endroits reculés où les gens vivaient sans hôpitaux ou sans accès facile. Il y a maintenant plus de routes, d'écoles et de gîtes, ou de simples maisons dans lesquelles les touristes peuvent loger. Certains des endroits qui étaient connus pour être les plus sauvages des années 1990 sont maintenant plus modernes.»
Féministes des sommetsLa guide de montagne a une particularité bien à elle, organiser des rencontres entre femmes du monde, dans les montagnes.Elle dirige ainsi actuellement une tournée de huit jours, baptisée «Women Expedition», au Maroc, afin d’emmener des trekkeuses voyageant dans la vallée du M’Goun, rendre visite à des familles berbères dans des régions isolées et passer par la même occasion du temps dans une coopérative d’artisanat pour femmes à Talsanant.«Je suis un pont entre ces deux mondes et j’adore ça, car j’ai le sentiment d’aider les femmes: des femmes du monde entier et des femmes d’ici qui ont beaucoup à offrir et peu de gens pour les aider», explique-t-elle dans son interview avec Conde Nast Traveler. Et d’expliquer: «nous parlons ensemble de traditions. Des femmes venues d’Europe, des États-Unis, d’Australie et de Nouvelle-Zélande discutent avec ces femmes berbères de leurs manières d’être fortes, indépendantes et de faire ce qu’elles aiment.»«Nous partageons les mêmes problèmes. Peu importe où nous sommes, les problèmes sont différents, mais identiques. Nous nous comprenons et nous savons ce dont nous avons besoin. Nous sommes des soeurs, nous sommes des mamans, nous sommes des épouses. Je pense que c’est mieux si les femmes parlent aux femmes, parce que nous parlons la même langue» poursuit-elle.