Parce que la mode du monde arabe est aujourd’hui trop peu représentée en France et parfois empreinte de clichés, mettre en lumière un savoir-faire reconnu et ancien, ainsi que les nouveaux visages d’une nouvelle industrie de la mode pleine de promesses, s’avère capital.
À travers cette 1ère édition du Prix de la mode du monde arabe, l’IMA entend ainsi lever le voile sur la créativité de stylistes qui s’attachent à bousculer les codes des sociétés et à en inventer d’autres. Consacrant à la fois les talents émergents et les talents innovants, le comité de sélection des finalistes - composé de Yaffa Assouline, journaliste, directrice de création et éditrice de livres, Youness Bouchida, entrepreneur, fondateur et directeur général d’Initiative Audace, Leyla Neri, directrice du Master of Arts in Fashion Design de l’Institut français de la mode, Lotfi Aoulad, responsable de programme – Protection et promotion de la diversité des expressions culturelles à l’UNESCO, Samira Ibrahim, journaliste, Iro Iwata, créateur, Majida Khattari, artiste plasticienne ainsi que Philippe Castro de l’Institut du monde arabe - a dévoilé la liste des finalistes de ces deux catégories. Parmi ceux-ci, de nombreux Marocains.
Les talents émergents
Dans la catégorie «talent émergent», qui regroupe douze finalistes, on retrouve ainsi Mina Binebine, dont la marque respecte une approche éthique et durable et s’attache à la préservation du patrimoine marocain tout en réinventant les textiles traditionnels en leur insufflant une modernité raffinée. Un label qui se démarque aussi pour ses designs réalisés à la main à partir de matériaux respectueux de l’environnement.
Autre finaliste, Yasmine Azizi, fondatrice de «AYT Studio», marque de prêt-à-porter féminin basée à Paris et dont la vision s’ancre dans la transmission.
Chaque collection est façonnée en collaboration avec un artiste contemporain livrant ainsi des pièces en éditions limitées, réalisées dans des matières nobles, qui transcendent le vêtement pour devenir des œuvres en mouvement.
Troisième finaliste, Sophia Kacimi, fondatrice du label «Zoubida», basée à Londres et ancrée au Maroc.
Son travail fait le pont entre l’artisanat, la mode, la décoration d’intérieur et l’art. Agissant comme un laboratoire d’expérimentations artisanales, «Zoubida» s’attache principalement à apporter de nouvelles possibilités au travail manuel traditionnel en déclin, en collaborant avec des artisans locaux. Le point de départ de ces créations «art à porter» et «art à utiliser» est le tissu d’ameublement jacquard audacieux, pièce maîtresse des maisons marocaines.
Les talents innovants
Dans la catégorie «talent innovant», on retrouve par ailleurs le célèbre styliste maroco-hollandais, Mohamed Benchellal, célèbre pour ses robes sculpturales, et qui, entre autres célébrités, a habillé la reine Maxima, épouse du roi Willem-Alexander des Pays-Bas.
Le styliste qui incarne le futur de la mode avec ses silhouettes intemporelles confectionnées de manière durable a reçu de nombreuses distinctions – notamment le Vogue Fashion Prize en 2020, l’Emigala Fashion Innovation Award en 2022 –, a intégré le top 500 des Business of Fashion, et a récemment fait l’objet d’une exposition individuelle au Musée national du Qatar, à Doha, du 1er novembre 2024 au 18 janvier 2025.
Le duo composé par Hamza Guelmouss et Valentin Nicot, fondateurs de la marque «Khol», figure aussi parmi les finalistes.
Pensée comme une extension artistique et vestimentaire de la femme contemporaine, «Khol» redéfinit l’art de la couture avec poésie, précision et sensualité. Chaque pièce, conçue dans un profond respect de la silhouette féminine, transforme les essentiels intemporels d’une garde-robe en un dialogue entre art et mode.
Vient ensuite Ines Slaoui, co-fondatrice de «Selhyan», une marque de caftans modernes née à Paris et qui ambitionne de fusionner l’héritage culturel du Maroc avec les tendances modernes de la mode.
Entre tradition et innovation, chaque collection met à l’honneur des caftans uniques, symboles d’un savoir-faire artisanal intemporel.
Dans ce même classement figure enfin Meriem Nour, fondatrice de «Hanout Boutique», marque de mode féminine née à Marrakech, qui s’inspire des traditions marocaines et les transforme en créations modernes.
Des détails artisanaux tels que la sfifa, le kilim ou la broderie inspirent des robes d’exception, des vestes et des pantalons uniques. Toutes les pièces sont fabriquées dans les ateliers de Marrakech par des artisans qualifiés et fidèles, valorisant ainsi l’artisanat local, les finitions soignées, la manipulation souple des matériaux et la transmission du savoir-faire marocain au service d’une mode durable.












