Plus qu’un projet ambitieux, ce nouveau chantier est une "révolution sociétale", qui permettra, selon Hassan Boubrik, le directeur général de la CNSS, de positionner le Maroc parmi les pays les plus avancés en matière de protection sociale. Les premiers détails du vaste projet de généralisation de la couverture sociale au Maroc ont ainsi été annoncés par la CNSS hier, mercredi 1er décembre 2021.
Afin d'accompagner cet immense chantier, la CNSS passera de la gestion d’une population de 9 millions de personnes à une population de 30 millions de personnes, dès juillet 2022. Ce sont ainsi plus de 80.000 dossiers qui devraient ainsi être traités par jour, contre 20.000 actuellement, a expliqué Réda Benamar, le directeur des études, de la communication et développement auprès de la CNSS.
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En effet, selon la feuille de route de la CNSS, une première phase de ce projet s’étalera sur la période 2021-2022, et concernera l’assurance maladie obligatoire (AMO) en intégrant les travailleurs non-salariés en plus de la population qui bénéficie actuellement du Ramed, et qui concerne donc actuellement 2 à 3 millions de bénéficiaires.
La deuxième phase concernera la généralisation des allocations familiales dès 2023, lesquelles bénéficieront à près de 7 millions d’enfants en âge de scolarisation.
La dernière phase concernera quant à elle la mise en place d'une retraite et de l’indemnité pour perte d’emploi, à partir de 2025, pour l’ensemble des Marocains ayant un emploi stable.
La mise en œuvre de ce projet sur le terrain débute ainsi dès ce mois de décembre par le lancement de l'immatriculation de neuf nouvelles catégories professionnelles: les personnes assujetties à la Contribution Professionnelle unique, les commerçants et artisans tenant une comptabilité, les médecins, les pharmaciens, les dentistes, les notaires, les sage-femmes et les kinésithérapeutes.
Les "ramédistes" devront quant à eux bénéficier du régime de l’AMO dès juillet 2022. Selon les estimations de la CNSS, cette première étape d’immatriculation bénéficiera à plus de 900.000 assurés et leurs familles, soit une population évaluée de 2 à 3 millions de personnes, en comptant les membres des familles des bénéficiaires.
Pour répondre aux nouvelles sollicitations auxquelles elle devra faire face, la CNSS compte donc étendre son réseaux d’agences. Celles-ci passent de 120 à 170 agences, répartis aux quatre coins du Royaume. La première de ces agences de nouvelle génération, doit voir le jour à Sidi Smail, avant le 31 décembre 2021, a promis Réda Benamar.
En tout, 45 nouvelles agences mobiles devront également s’ajouter aux 10 agences mobiles actuellement opérationnelles, pour servir notamment les zones rurales et périurbaines.
En plus de ses propres agences, la CNSS devra s’appuyer sur plus de 2100 autres points d’accueils, grâce à des partenariats conclus avec d’autres réseaux de proximité, à l’image des agences de paiement et de transfert d’argent.
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Pour faire face à la demande, qui sera grandissante, la CNSS compte, entre autres, accélérer la digitalisation et la dématérialisation de ses procédures. Un plan alternatif qui devrait selon le directeur des études de la CNSS suppléer à la procédure papier. "Au lieu d’aller chez le médecin, remplir une feuille de soin, faire la vignette, déposer l’ordonnance... Nous voulons, dès le mois de mars, déployer un nouveau système d’information auprès des prestataires de soin", a précisé Réda Benamar.
Ce système d’information devra être disponible auprès des médecins, des cliniques, des pharmaciens, des laboratoires et des kinésithérapeutes, afin de remplacer la feuille de soin classique par un document électronique, le but étant de réduire à la fois les délais de réponses et de remboursement, tout en améliorant la qualité des prestations et en réduisant les coût de gestion de l’assurance maladie... Désormais, et pour très bientôt, obligatoire pour l'ensemble des personnes qui cotisent auprès de la CNSS.