En prenant la 19ème place de l’édition 2023 du classement des ports à conteneurs dans le monde, établi chaque année par le cabinet français Alphaliner, Tanger Med a réalisé l’une des meilleures croissances du Top 20, avec des volumes traités en augmentation de +13,4% par rapport à l’exercice 2022. Son trafic ayant plus que doublé en cinq ans, le port marocain rivalise désormais avec ceux de Long Beach (Californie, États-Unis), de Laem Chabang (Thaïlande) et de Kaohsiung (Taïwan), rapporte Le Monde, pour qui «le bilan de ce début d’année incite encore à l’optimisme».
Les récents événements en mer Rouge, marqués par les attaques des rebelles houthis, ont entraîné une reconfiguration des routes maritimes. Les porte-conteneurs ont dû être déroutés vers le cap de Bonne-Espérance, causant des congestions dans plusieurs ports de la Méditerranée occidentale, dont celui de Barcelone, l’un des plus touchés. Tanger Med, principal hub de transbordement pour les marchandises en provenance de Chine, a su tirer parti de cette situation. Rachid Houari, directeur général adjoint de l’autorité portuaire, annonce au quotidien français une augmentation de 10% du tonnage global manutentionné au premier trimestre 2024 par rapport à la même période de 2023. Une progression «légèrement supérieure à celle que le port connaît habituellement».
Lire aussi : Le port Tanger Med dans le Top 20 mondial des ports à conteneurs
Peter Sand, analyste en chef du cabinet norvégien Xeneta, assure d’ailleurs que ce complexe «semble avoir une longueur d’avance sur ses concurrents». «Tanger Med surperforme et profite dans le contexte actuel», affirme, de son côté, Jérôme de Ricqlès, expert maritime auprès de la start-up française Upply.
La compétitivité de Tanger Med, qui «joue à plein de sa position sur le détroit de Gibraltar et de sa base arrière industrielle de 1.300 entreprises», repose également sur une main-d’œuvre locale beaucoup moins coûteuse que celle de ses concurrents. Najib Cherfaoui, spécialiste maritime, souligne que le coût de la main-d’œuvre à Tanger Med est dix fois inférieur à celui d’Algésiras, en Espagne. Cela représente une opportunité précieuse pour les grands armateurs mondiaux comme CMA-CGM, MSC et Maersk, qui détiennent des parts dans les terminaux du port marocain.
Le Monde rappelle par ailleurs que depuis son inauguration par le roi Mohammed VI en 2007, Tanger Med a su attirer les plus grands acteurs du secteur maritime. Le Danois Maersk, par exemple, a fait du port un élément clé de sa nouvelle alliance Gemini avec Hapag-Lloyd, prévue pour 2025. le Français CMA-CGM considère également ce complexe comme un actif stratégique essentiel à son développement futur. Quant au leader mondial suisse MSC, son rachat en 2022 des concessions portuaires africaines du groupe Bolloré lui offre désormais toute latitude pour relier l’Afrique de l’Ouest à la Méditerranée.
Des plans d’expansion pour bientôt?
Malgré la pression sur ses installations, Tanger Med regarde vers l’avenir avec confiance. Le port continue de se positionner comme un leader en Méditerranée, prêt à relever les défis et à saisir les opportunités. Cette infrastructure, utilisée à 95% de sa capacité nominale, objectif atteint quatre ans plus tôt que prévu, envisage donc une expansion.
Lire aussi : Transport maritime. Comment Madrid investit lourdement pour permettre au port d’Algésiras de contrer Tanger Med
Les plans d’amélioration et d’augmentation de sa capacité opérationnelle sont d’autant plus justifiés face à une concurrence qui se fait de plus en plus sérieuse. «Algésiras, qui traitait l’an passé moins de 5 millions d’EVP, recevra 1,7 milliard d’euros pour se développer, a annoncé en février le ministre espagnol des Transports. Idem pour Valence , qui empochera 1,6 milliard d’euros pour un nouveau terminal à conteneurs. Objectif: doubler leurs capacités», fait remarquer Le Monde.
À l’Est, l’Algérie s’agite par une énième annonce du port de Cherchell. Reste à savoir si le projet aboutira. Et même s’il se concrétise, il ne constituera pas une menace pour Tanger Med dans un futur proche, comme le signale Jérôme de Ricqlès, expert maritime auprès de la start-up française Upply.