C’est la Banque mondiale qui l’affirme: les ménages démunis ont essuyé une inflation plus importante que celle subie par les nantis. Selon une lecture de l’Economiste du jeudi 16 février du dernier rapport de l’Institution de Breton Woods sur le Maroc, les subventions aux produits de base ont, certes, permis d’atténuer le coût de leur panier, «mais elles profitent d’abord aux plus aisés», lit-on.
«Une part disproportionnée des ressources publiques (non ciblées) nécessaires pour soutenir les programmes marocains de subventions des prix profitent aux ménages les plus riches qui, en termes absolus, consomment davantage de biens subventionnés». Pour les plus pauvres, c’est l’alimentation qui pèse le plus lourd. Ceci, en sachant que les produits alimentaires sont le deuxième poste ayant enregistré la plus forte augmentation des prix au Maroc. «L’alimentation représente plus de la moitié des dépenses des couches les plus défavorisées, contre près de 23% pour les plus riches», précise le quotidien.
Cela dit, l’effet de l’inflation aurait pu être pire sans le système de subvention mis en place par le gouvernement. «Les biens et services à prix réglementés ont un poids total de 22% dans l’indice des prix à la consommation produit par le HCP (Haut-commissariat au plan)…En d’autres termes, la politique du gouvernement a affectivement protégé une part du panier de consommation global de la flambée des prix», explique le rapport.
Rappelons que pour le gaz, le sucre et le blé, l’Etat a dépensé 42 milliards de dirhams contre 5 milliards d’appui à l’ONEE et près de 4,4 milliards de dirhams pour le soutien direct aux transporteurs. Cela représente 3,5% du PIB.
Pour la Banque mondiale, «si le gouvernement avait décidé de ne pas augmenter le budget des subventions des prix pour répondre au choc, la pauvreté et l’inégalité auraient augmenté de 1,5 et 2 points de pourcentage supplémentaire». Et si les subventions n’avaient pas été mises en place, la pauvreté et la vulnérabilité auraient encore augmenter de 3,1 et 3,4 points de pourcentage.
Un meilleur ciblage est donc plus que recommandé, préconise la Banque mondiale. Un travail en cours avec la mise en place au Maroc du Registre national de la population (RNP).