Stabilité financière: aucun risque majeur pour le Maroc, mais des incertitudes appellent à la vigilance

La succursale de Bank Al-Maghrib à Hay Riad, à Rabat.

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques a rendu son rapport. Celui-ci indique que le niveau des risques sur la stabilité financière du Royaume reste modéré, appelant toutefois à la vigilance compte tenu des incertitudes qui pèsent sur les perspectives de l’économie mondiale.

Le 05/07/2023 à 15h04

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS) s’est réuni mardi 4 juillet au siège de Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat. A l’issue de l’examen de la situation du système financier marocain au regard des tendances économiques et financières, observées et attendues, le Comité a relevé que les indicateurs de suivi examinés continuent de montrer la solidité et la résilience du secteur financier marocain.

Le Comité a néanmoins souligné que «bien qu’ils soient globalement en atténuation, les risques macroéconomiques provenant de l’environnement externe et interne, notamment l’enlisement de la crise en Ukraine, la hausse des taux d’intérêt et les niveaux encore élevés de l’inflation, appellent à la vigilance sur fond de fortes incertitudes pesant sur les perspectives de l’économie mondiale».

Croissance timide en 2023

Selon les projections de Bank Al-Maghrib, après une décélération en 2022 à 1,3%, la croissance économique nationale ressortirait à 2,4% en 2023 avant de se consolider à 3,3% en 2024. Au niveau des comptes extérieurs, le déficit du compte courant devrait s’alléger autour de 2,5% du PIB en 2023 et en 2024, alors que les avoirs officiels de réserve permettraient, en intégrant les prévisions du financement extérieur du Trésor, une couverture autour de 5 mois et demi d’importations de biens et services.

Pour ce qui est des finances publiques, le déficit budgétaire devrait poursuivre son atténuation pour se situer à 5% du PIB en 2023, puis à 4,3% en 2024. Quant à l’endettement du Trésor, il se situerait à 69,7% du PIB en 2023 et ensuite à 68,5% en 2024.

Résilience du secteur bancaire

Le Comité a noté, par ailleurs, que le secteur bancaire continue d’afficher des fondamentaux solides. Au niveau de la capitalisation, les banques ont dégagé, à fin 2022, sur base sociale un ratio moyen de solvabilité de 15,7% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 12,4%, supérieurs aux minima réglementaires de 12% et 9%. Sur base consolidée, ces ratios ressortent respectivement à 13,4% et 11,2%.

L’exercice de macro-stress test de solvabilité continue de montrer la résilience du secteur bancaire face à des scénarii simulant la dégradation des conditions macroéconomiques. Au niveau de la rentabilité en revanche, le résultat agrégé des banques sur base sociale a connu une baisse de près de 13%, contre une hausse de 76,4% en 2021.

Cette évolution s’explique principalement par la contraction de 52% du résultat des opérations de marché sous l’effet de l’augmentation des taux monétaires et obligataires. Le ratio de liquidité à court terme continue d’afficher un niveau confortable supérieur au seuil réglementaire de 100%.

Fragilité des régimes des retraites

Concernant le secteur de la retraite, les principaux régimes de base continuent de connaître une situation financière difficile marquée globalement par l’importance de leurs dettes implicites et par l’épuisement de leurs réserves à divers horizons.

La réforme systémique de ce secteur à travers l’instauration de deux pôles (public et privé), actuellement en cours de discussion entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux, vise à instaurer une tarification équilibrée des régimes de retraite et à résorber une bonne partie de leurs engagements passés non couverts, souligne le rapport du CCSRS.

Par Safae Hadri
Le 05/07/2023 à 15h04