Les établissements bancaires continuent de faire face à la montée des impayés et des créances en souffrance, dans un contexte économique marqué par les effets de la pandémie de Covid-19 sur la solvabilité des emprunteurs.
Les dernières statistiques du secteur relatives à l’exercice 2021, publiées ce lundi 31 janvier 2022, par Bank Al-Maghrib, montrent que le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques se chiffre à 83,4 milliards de dirhams, en hausse de 4% par rapport en 2020, soit 3,24 milliards de dirhams supplémentaires en un an.
Le rythme de progression de l’encours des créances en souffrance a, certes, décéléré en 2021, puisqu’en 2020, cet encours avait progressé de 14,6%, soit 10,2 milliards de dirhams supplémentaires en 12 mois. Toutefois, malgré ce ralentissement, le stock des créances en souffrance demeure élevé. Le taux de sinistralité (c’est-à-dire l’encours des créances en souffrance rapporté au total des crédits distribués) ressort ainsi à 8,4% à fin décembre 2021.
En 2021, l’encours des créances en souffrance à augmenter plus vite que celui des crédits bancaires distribués, ce dernier n’ayant enregistré qu’une hausse modérée de 3% sur l’ensemble de l’année écoulée.
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Il est à noter également que la hausse des créances en souffrance en 2021 a davantage concerné les ménages que les entreprises. Ainsi, l’encours des créances en souffrance des ménages s’est aggravé de 6,7% en 2021, pour atteindre plus de 36,7 milliards de dirhams. Pour les entreprises, le stock des créances en souffrance n’a progressé que de 2,9%, pour se situer à plus de 46,3 milliards de dirhams.
Les banques résilientes, malgré toutLa hausse des créances en souffrance dans les bilans des banques est surveillée de près par les autorités monétaires du Royaume, Bank Al-Maghrib en tête. A ce titre, le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS, une structure qui regroupe la Banque centrale, l’Autorité de contrôles des assurances et l’Autorité marocaine du marché des capitaux), qui s’est réuni le 28 décembre dernier, s’est montré rassurant sur la capacité des banques à faire preuve de résilience.
«Le secteur bancaire continue d’afficher des fondamentaux solides en matière de rentabilité, de solvabilité et de liquidité», a estimé le CCSRS dans son dernier rapport, ajoutant que «l’exercice de macro stress, test effectué par Bank Al-Maghrib sur la base des projections économiques de décembre 2021, continue de faire ressortir à cette date la résilience des banques face aux scenarii de chocs simulant la dégradation des conditions sanitaires et économiques».
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S’il n’y a donc pas encore péril en la demeure, la vigilance reste de mise. La Banque centrale veille ainsi à ce que les créances douteuses soient suffisamment provisionnées, ce qui est le cas. Surtout, elle planche sur un mécanisme qui doit permettre aux banques de se délester d’une partie des créances en souffrance qu’elles détiennent dans leur bilan et, par conséquent, d’augmenter leur capacité à distribuer des crédits.
Ce mécanisme, qui prendra la forme d’un «marché secondaire des créances en souffrance» (également appelé «structure de défaisance», «bad bank» ou «banque poubelle») est actuellement en phase d’élaboration, avait fait savoir Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors de son point de presse du 21 décembre 2021. «La Banque central est engagée activement pour pouvoir, au cours de cette année, sortir au grand jour ce marché secondaire des créances en souffrance», avait-il promis.