Les établissements bancaires continuent de faire face à la montée des impayés et des créances en souffrance, dans un contexte économique difficile, marqué par les effets de la pandémie de coronavirus sur la solvabilité des emprunteurs.
Les dernières statistiques du secteur, publiées mercredi 30 décembre par Bank Al-Maghrib, confirment cette tendance. A fin novembre, le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques atteint 80,2 milliards de dirhams. Un record! C’est 489 millions de dirhams de plus en un mois. Depuis le début de l’année, la hausse est de 14,6%, soit 10,2 milliards de dirhams supplémentaires.
Dans ce contexte, le taux de sinistralité (c’est-à-dire l’encours des créances en souffrance rapporté au total des crédits distribués) continue de grimper: il atteint à fin novembre 8,64%, contre seulement 7,6% au début de l’année. «Ce niveau est élevé par rapport aux pays développés et ceux comparables de la région (Jordanie, Egypte, Tunisie,…)», a récemment commenté Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, lors de son audition par la commission des Finances à la première Chambre.
La hausse des créances en souffrance concerne aussi bien les prêts aux entreprises que les ménages. Le taux de créances en souffrance des banques s’est ainsi aggravé à 10,8% pour les premières et à 9,2% pour les seconds, contre respectivement 10,1% et 8% à fin 2019.
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Toutefois, malgré cette montée en flèche des impayés, le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, qui s’est réuni ce 29 décembre pour évaluer la situation du secteur financier national, s’est montré rassurant sur la capacité des banques à faire le dos rond, en attendant des jours meilleurs.
«En dépit d’une hausse attendue du risque de crédit, l’étude d’impact et l’exercice du macro stress-test conduits au 4ème trimestre 2020 continuent de faire ressortir à cette date la résilience des banques face au choc induit par la crise sanitaire», a souligné le Comité.
S’il n’y a donc pas encore péril en la demeure, la vigilance reste de mise. Dans un contexte économique toujours aussi imprévisible et porteur de risques, la qualité des actifs des banques pourrait continuer à se dégrader, car plusieurs secteurs d’activité comme le tourisme, la construction, et le commerce, sont toujours confrontés à des difficultés de trésorerie et ne voient toujours pas le bout du tunnel.
Face à cette incertitude, les établissements bancaires jouent d’ailleurs la prudence et mènent une politique d’anticipation des risques d’impayés, qui se traduit par une hausse significative des provisions constituées, quitte à plomber leurs bénéfices.
«La rentabilité des banques a baissé de moitié par rapport à 2019», a souligné Abdellatif Jouahri lors de sa dernière conférence de presse, le 15 décembre dernier.