Révision de l’IR en 2025: à quoi faut-il s’attendre?

Le siège du ministère de l’Économie et des Finances à Rabat.

L’impôt sur le revenu (IR) connaîtra une révision à la baisse dans le projet de loi de finances (PLF) 2025. Toutefois, selon des économistes, cette mesure ne devrait pas apporter de changement majeur sur les fiches de paie des salariés.

Le 16/08/2024 à 13h26

Le gouvernement prévoit d’opérer une révision du barème de l’impôt sur le revenu (IR) dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2025. Cette révision était attendue, vu que la réforme fiscale a jusqu’à présent surtout concerné l’impôt sur les sociétés (IS) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Cette révision a été récemment confirmée par Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, lors d’une session à la Chambre des conseillers. L’objectif affiché par le responsable gouvernemental était surtout d’alléger la pression fiscale sur les salariés soumis à la retenue à la source.

À quoi peut-on donc s’attendre l’année prochaine à cet effet? «Il ne faut pas s’attendre à des changements importants. Le gouvernement devra garder le même niveau de recettes IR pour ne pas impacter la trésorerie de l’État, qui compte beaucoup sur ces ressources pour financer les chantiers en cours», a indiqué l’économiste Mohamed Jadri, interrogé par Le360.

En effet, l’IR est une source d’importance pour le trésor public, qui a représenté pas moins de 18,53% de l’ensemble des recettes fiscales en 2023. Au terme de cet exercice, l’IR lui avait rapporté plus de 50,7 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 5,8% par rapport à 2022.

La tendance s’est confirmée en 2024: à fin juillet, les recettes de l’IR ont dépassé les 35 MMDH, en progression annuelle de 11,9%, selon les derniers chiffres publiés par la Trésorerie générale du royaume. Et pour l’ensemble de l’exercice, le gouvernement table sur une contribution de l’IR à hauteur de 52,88 MMDH.

Des gains modestes pour les salariés

Selon l’économiste, la révision de l’IR promise par le gouvernement devrait se traduire par un réaménagement des tranches de revenu annuel imposable, en accordant des petites baisses au profit des classes moyennes et défavorisées.

L’accord signé en avril dernier entre le gouvernement, les syndicats et le patronat mentionnait un allégement de la pression fiscale sur les salaires. Au programme: le passage de la tranche de salaire mensuel brut exonérée de 5.000 à 6.000 dirhams, le recul du taux maximal de l’IR de 38% à 37%, et une hausse des déductions pour charge de famille de 360 à 500 dirhams. Et d’après les estimations de notre interlocuteur, ces mesures ne se traduiraient sur les fiches de paie des salariés que par des gains modestes, variant de 150 DH à 400 DH.

Pour sa part, l’économiste Nabil Adel, également interrogé par Le 360, préfère parler de «réaménagement fiscal», plutôt que de «réforme fiscale». Pour lui, une réforme fiscale digne de ce nom doit aller plus loin, notamment vers l’élargissement de l’assiette fiscale, afin de faire contribuer ceux qui ne paient pas d’impôt sur le revenu. À ce sujet, il souligne que les vraies niches à viser sont surtout celles des revenus agricoles, des professions libérales et du secteur informel.

Une telle réforme «nécessite un courage politique qui manque à ce gouvernement très soucieux de son image, qui ne veut pas déplaire et qui ne tient pas face à la pression. Il suffit de souvent faire grève pour le faire céder», note-t-il.

Par Lahcen Oudoud
Le 16/08/2024 à 13h26