Pourquoi le paiement mobile ne bouge pas au Maroc

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Revue de presseLes solutions de M-paiement sur le continent se sont imposées comme un véritable outil d’inclusion financière. Au Maroc, quatre ans après leur lancement officiel, les solutions de M-paiement pataugent toujours. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Challenge.

Le 30/05/2024 à 21h45

Bien qu’ayant le vent en poupe dans certains pays d’Afrique, les solutions de paiement mobile affichent de faibles scores au Maroc. Reprise par le magazine Challenge, une enquête de Fitch Solutions démontre que seuls 6% des Marocains de plus de 15 ans avaient un compte Mobile Money en 2022.

Quatre années après son lancement officiel et l’octroi des agréments aux entreprises, le paiement mobile n’a pas rencontré l’ascension fulgurante sur laquelle comptaient les opérateurs, qui avançaient des objectifs de 6 millions de clients et 1,3 milliard de transactions par an à l’horizon 2024. Ceci, «alors que dans certains pays africains, le contexte de crise a été un accélérateur des solutions de M-paiement, notamment l’Afrique subsaharienne qui représente à elle seule 43 % des nouvelles inscriptions en 2021, devant l’Asie de l’est et la région du Pacifique», lit-on encore.

La raison est double. La législation en vigueur reste restrictive pour les entités non bancaires, compte tenu des règles strictes de KYC (Know Your Customer, connaissance de la clientèle) dans le pays. Une norme nécessaire de prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. Résultat, le niveau de portefeuille mobile qui ne nécessite pas de compte bancaire ni de pièce d’identité est plafonné à 200 dirhams.

S’y ajoute le fait que «les Marocains se méfient des moyens de paiement sans numéraire et des nouvelles technologies. En outre, le nombre élevé d’agences bancaires disponibles dans le pays favorise le flux physique d’argent».

Au Maroc, le lancement du paiement mobile a coïncidé avec l’avènement de la pandémie de Covid-19. Donc, au lieu d’accélérer l’activité, la crise sanitaire a plutôt freiné le déploiement du Mobile Money. Ceci est valable aussi bien au niveau de l’ouverture des comptes que du déploiement du réseau d’agents mandataires. Or, le développement du paiement mobile passe par la construction de tout un écosystème qui demande des efforts conséquents d’éducation et d’accompagnement terrain.

La résistance est également d’ordre culturel, à l’instar des épiciers, première cible du secteur, qui sont particulièrement réticents à adopter ces nouvelles pratiques…par peur du fisc. Sans oublier un vrai problème: la promotion de l’outil de paiement mobile et d’équipement des commerçants.

Par Nabil Ouzzane
Le 30/05/2024 à 21h45