C’est vers les années 1980 que le projet du gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie a lentement commencé à prendre forme. Mais ce n’est qu’en 2009 que les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l’Algérie ont concrètement signé l’accord pour la mise en œuvre du gazoduc transsaharien. «Le projet était censé être le plus long gazoduc du monde, avec une longueur de 4.128 km. Il devait transporter 30 milliards de mètres cubes de gaz par an du Nigeria vers l’Algérie, puis vers l’Espagne et le Portugal via le gazoduc Medgaz», rappelle le magazine Challenge. Mais aujourd’hui, il est mort et enterré.
Le projet a d’emblée été contesté par les populations locales, qui craignaient les impacts environnementaux et sociaux du gazoduc. Des mouvements de résistance se sont formés, notamment au Niger, où le gazoduc devait traverser la région du Ténéré, classée patrimoine mondial par l’UNESCO. «Les habitants du Ténéré ont dénoncé le pillage de leurs ressources naturelles et la violation de leurs droits», lit-on.
L’annonce de la sortie des trois pays du Sahel de la CEDEAO enterre le projet. Le Niger, autrefois acteur clé du projet Nigeria-Algérie, a maintenant rompu ses liens avec le groupe dirigé par le Nigeria. Par ailleurs, il faut noter que le Mali et le Burkina Faso ont manifesté leur intérêt pour le projet marocain, y voyant plus de garanties en termes de stabilité et de prospérité.
«Ainsi, le projet Nigeria-Algérie semble désormais dépassé, ne correspondant pas aux aspirations des populations africaines, tandis que l’initiative marocaine s’inscrit dans une vision moderne et intégrée de l’Afrique. Il faut noter que cela intervient dans un contexte où la relation entre l’Algérie et le Mali traverse une véritable crise diplomatique, sans oublier les menaces sécuritaires dans la région, qui ont également enrayé la grande machine du tandem Abuja-Alger», ajoute Challenge.
En Avril dernier, la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPCL) a annoncé un investissement de 12,5 milliards de dollars dans le futur gazoduc Nigeria-Maroc. De quoi s’assurer 50% des parts dans un projet estimé à 25 milliards de dollars. La deuxième phase des études d’ingénierie préliminaires est en cours, et permettra d’évaluer l’impact environnemental du projet et les droits de passage qui y correspondent.