Reprenant mot pour mot les priorités fixées lors de l’édition 2024, la lettre de cadrage du projet de loi de finances (PLF) 2025 confirme le penchant conservateur du gouvernement dans ses choix de politique économique. Celle-ci table ainsi sur une croissance de 4,6% en 2025, un objectif très optimiste et peu réaliste si on le compare aux prévisions des autres institutions nationales et internationales.
Le Budget 2025 ne déroge pas à la sacro-sainte règle des équilibres budgétaires. Le gouvernement espère même réduire le déficit à 3,5% du PIB en 2025 (contre 4% en 2024), tout en abaissant le niveau d’endettement à un niveau inférieur à 70% du PIB à l’horizon 2026. Mais pour réaliser cet «exploit», l’exécutif n’a trouvé aucune alternative à sa stratégie visant à réduire la voilure, malgré des recettes fiscales record, obtenues grâce à la loi-cadre décidée lors des Assises de Skhirat en 2019. Dans sa lettre, Aziz Akhannouch incite encore une fois ses ministres à se serrer la ceinture et à réduire au maximum les dépenses liées à la consommation de l’électricité, aux frais du transport, aux réceptions, congrès, conférences et études, à l’achat de voitures et à la construction de sièges administratifs.
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Quid de l’emploi? Comment le gouvernement entend-il inverser la courbe du chômage qui, faut-il le rappeler, a atteint ces derniers mois des sommets historiques (13,1% au premier semestre 2024)? Dans sa lettre de cadrage, Akhannouch promet une «feuille de route qui place l’emploi au cœur de ses priorités». Celle-ci «repose sur une analyse exhaustive des données du marché du travail et de tous les éléments qui y sont directement liés, dont les mécanismes de l’offre et de la demande, la médiation dans l’emploi, ainsi que les législations et procédures relatives au marché du travail».
En revanche, le document ne fournit aucun détail sur la nature des mesures censées figurer dans le PLF 2025 et destinées à booster l’emploi à court terme. Comme pour noyer le poisson, le document se contente d’évoquer «des plans d’action pour les cinq à dix prochaines années», alors que le mandat du gouvernement prendra fin au plus tard en 2026.
L’investissement public comme moteur de croissance
Le gouvernement a également du mal à justifier son retard pour atteindre l’objectif visant à inverser la répartition actuelle entre l’investissement public et l’investissement privé, afin de porter ce dernier aux deux tiers de l’investissement total. Dans le même sens, la lettre de cadrage «oublie» de mentionner l’objectif de 500.000 emplois à créer au cours de la période 2022-2026, associé au Pacte national pour l’investissement, conformément aux orientations données par le Roi dans son discours devant le Parlement en octobre 2022.
À défaut de pouvoir relancer la machine de l’investissement privé, le gouvernement n’a d’autre choix que de compter sur les moteurs classiques de la croissance au Maroc, tirée essentiellement par la demande intérieure et l’investissement public. La lettre de cadrage ne s’en cache pas et table essentiellement sur les opportunités d’emplois qui naîtront des mégaprojets bientôt lancés dans les secteurs ferroviaire, aéronautique, énergétique, hydraulique, touristique, agricole et de transport urbain, dans le cadre des préparatifs de la Coupe du Monde 2030.