Bien, mais peut mieux faire. C’est en résumé le bilan dressé, ce samedi 14 octobre, par la ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah, à la veille de la clôture des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech, lors d’une rencontre avec une liste restreinte de médias marocains.
«Il y avait des challenges importants sur le financement des pays du Sud lors de ce rendez-vous mondial. Les deux institutions financières internationales ont décidé de maintenir leur niveau de financement, malgré un contexte mondial précaire. C’est bien, mais pas suffisant. Il faut augmenter les financements maintenant et vite, parce que les besoins sont importants», a -t-elle déclaré d’emblée.
Une organisation réussie
D’après la ministre, le Royaume a réussi avec brio le pari de l’organisation de cet évènement. «Le Maroc a été très professionnel dans l’organisation et la qualité des débats. C’était le Maroc, avec sa légitimité, la vision du Roi et ses réalisations, qui était là pour porter la voix de l’Afrique et apporter sa contribution dans une discussion constructive», soutient-elle.
L’organisation de ces rencontres annuelles était aussi une occasion pour consolider les relations entre le Maroc et les deux institutions de Bretton Woods. «Avec le FMI, nous avons eu accès aux plus beaux instruments qu’un pays de notre taille peut avoir. Dans le cadre de notre coopération avec la Banque mondiale, les financements sont passés de 1,2 milliard à 1,8 milliard de dollars actuellement, et nous espérons dépasser ce montant», a souligné Nadia Fettah.
Le Maroc a aussi profité de ces Assemblées pour entamer des discussions avec des investisseurs qui ne sont pas encore présents dans le Royaume. «Nous avons saisi cette opportunité pour signer d’importantes conventions, notamment avec la SFI et Afreximbank. On en a aussi profité pour échanger avec des investisseurs et des financiers qui ne connaissaient pas le Maroc, et les mettre en contact avec nos partenaires de développement», a révélé la ministre.
Création d’une Task force africaine
Le Royaume a également porté la voix de l’Afrique au cours de ces rencontres, en organisant une réunion de haut niveau avec les représentants des ministres des Finances de quarante pays africains, à l’issue de laquelle une déclaration commune a été rédigée pour «demander à la Banque mondiale et au FMI de ne pas orienter les priorités d’investissement dans les pays africains, et de les laisser décider librement s’ils doivent miser sur le développement, financer le climat ou payer la dette». La ministre a annoncé d’ailleurs la mise en place d’une Task force africaine pour poursuivre ce dialogue avec ces institutions financières.
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Interrogée par Le360 sur les engagements de financement dans les pays du Sud, principalement africains, pour lutter contre les effets des changements climatiques, très attendus lors de cet évènement, Nadia Fettah a indiqué que «la Banque mondiale et le FMI se sont engagés à fournir des financements verts, mais sans en préciser le montant exact».
«Les deux institutions financières estiment que le secteur privé doit fournir d’importants financements verts. Mais c’est plutôt elles qui doivent débloquer ces financements pour encourager le secteur privé à investir. Elles doivent aussi créer les conditions pour favoriser la sortie à l’international des entreprises privées», a ajouté la ministre.
Des études sur l’émission d’obligations vertes
Sur le volet institutionnel, Nadia Fettah a salué la décision d’octroyer un troisième siège à l’Afrique au sein du conseil d’administration du FMI, et surtout les réformes annoncées par le président de la Banque mondiale Ajay Banga, notamment l’accélération des processus de financements des projets et l’évaluation de leur impact au-delà des montants débloqués. «C’est une annonce forte et on n’attendait pas moins du nouveau président de la Banque mondiale. Au Maroc, les projets réalisés dans le cadre de l’INDH, de la protection sociale et de la diversification de notre économie sont autant d’impacts palpables de notre partenariat avec la Banque mondiale», souligne-t-elle.
À la question formulée par Le360 sur une probable émission d’obligations vertes par le Maroc, Nadia Fettah a répondu en révélant que le Royaume a lancé des études en ce sens, avec l’assistance technique de la Banque mondiale, pour préparer le cadre à de futures émissions d’obligations vertes. «Nous ne voulons pas juste faire du marketing, mais plutôt développer des opérations sérieuses et véritablement axées sur cette thématique», précise la ministre.